Patatras, le grand pas en avant qu’a représenté le projet de plan de soutien communautaire rencontre un mur ! L’étape du Parlement européen a été franchie car elle était la plus facile, un compromis a été trouvé, mais l’opposition farouche à son adoption des gouvernements hongrois et polonais qui persistent et signent ne se dément pas.
Afin de la lever, Angela Merkel représente tous les espoirs d’ici la fin de sa présidence de l’Union au terme de cette année, mais cela a les apparences d’une solution de la dernière chance. Quel compromis arrondissant les angles pourra-t-elle trouver, les gouvernements rebelles profitant de leur capacité de blocage afin de poursuivre dans la voie qu’ils ont engagé ?
Le refus par la CDU allemande et le Partido Popular espagnol (PP) d’exclure des rangs du groupe PPE au Parlement européen les partis qui sont au pouvoir témoigne des contradictions régnantes tout autant que du refus de couper tous les ponts. La défense des principes sur lesquels repose l’Union a ses limites !
Une solution repoussoir existe bien, mais son application est inconcevable, car elle signerait un démantèlement qui bien qu’en cours ne doit pas être reconnu : un nouveau traité à 25 pourrait être adopté excluant les deux pays. Alors, les chefs d’État, diplomates et haut-fonctionnaires se raccrochent à l’idée que Pologne et Hongrie ne peuvent pas faire l’impasse sur les fonds dont elles seraient bénéficiaires une fois le plan actuel entré en vigueur et leur blocage déverrouillé.
La construction européenne est face à ses propres limites. L’unanimité requise dans de nombreuses circonstances devient une règle de plus en plus en plus impraticable devant l’exacerbation des divergences d’intérêt, et la Commission, affaiblie pour renforcer le poids des gouvernements, n’a plus l’autorité pour s’imposer. Une solution fédéraliste serait certes une réponse, mais comment croire à son émergence dans les circonstances présentes ?
Quelle cote mal taillée pourra s’y substituer ? L’écart entre les grands principes et leur application s’agrandit, les victoires « historiques » sont ramenées à peu de choses faute de rebondir.