Lors d’une émission de 8 milliards d’euros d’obligations italiennes à 30 ans, plus de 90 milliards d’ordres ont été reçus et le taux final a été de 1,67%. Pas encore au niveau du -0,18% dont les obligations allemandes de même maturité bénéficient, mais le « spread » (écart) diminue et le taux est à un très bas niveau. Avec cette émission, le trésor italien avait pour but de financer le rachat de titres à plus courte maturité afin de se prémunir contre toute éventuelle hausse des taux futurs.
La politique de pression sur les taux de la BCE fonctionne bien, mais c’est aussi un effet d’entraînement de la première émission obligataire de la Commission, d’un montant de 17 milliards d’euros à 10 ans, qui anticipe l’adoption toujours en négociation du plan de relance européen. Il en a résulté un taux de -0,35%. C’est dire son importance.
En attendant, l’incertitude aidant, la Commission procède avec des bouts de ficelle, car les besoins de financement des pays européens ne peuvent pas attendre qu’il soit arrivé au terme du long chemin qui reste encore à parcourir, avec en final l’adoption du plan par les 27 parlements nationaux. Une affaire qui mène à quand ?
À Bruxelles, de nouvelles pistes sont à l’étude afin de faire la soudure. Les fonds structurels européens et les 240 milliards d’euros du Mécanisme européen de stabilité (MES) pourraient être utilisés. Les premiers sont limités et les seconds ont laissé de mauvais souvenirs en raison des conditionnalités attachées à leur usage, en particulier en Italie et en Espagne où il n’est pas question d’y faire appel.
Le plan a été conçu dans la perspective d’une reprise économique qui ne se concrétise pas et dont les besoins vont être nettement supérieurs aux montants décidés par le Conseil européen au terme d’âpres négociations.
Mais il est certain que le recalibrage financier du plan n’est pas envisageable car il déclencherait des discussions sans fin. Ce qui ne les empêchera pas de rebondir si la répartition des montants des prêts et subventions revenait sur le tapis dans le cadre d’une recherche de compromis avec les pays de l’Est sur la sellette, pour qu’ils acceptent la vague formule retenue censée les contraindre au respect de l’État de droit européen, qu’ils ont néanmoins rejetée.