Tandis que les banques européennes sont bichonnées par la BCE et les régulateurs tout en s’efforçant à la concentration pour se protéger et tenir leur rang au plan international, leurs consœurs nord-américaines affichent des résultats pharamineux. Elles traversent la crise sans dommages, comment cela est-il possible ?
JP Morgan, Citibank, Bank of America, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Wells Fargo sont au tableau d’honneur. Les six plus grandes banques américaines ont dégagé un résultat net cumulé de 25,6 milliards de dollars au troisième trimestre. Elles avaient passé précédemment des provisions massives en prévision de défauts de paiement de leurs clients, puis elles ont profité de la volatilité des marchés.
Tout est là ! Leur activité de trading leur a permis d’atteindre un tel résultat en raison de sa forte rentabilité. Seule ombre au tableau, elles vont devoir s’adapter à des taux d’intérêts proche de 0% destinés à durer au moins jusqu’à 2023 selon la Fed, en attendant que cette échéance soit repoussée. Ce qui passera par des économies de fonctionnement. La spéculation financière est reine, alimentée par les variations des cours boursiers. Le système financier trouve en lui-même les leviers de sa sauvegarde.
Il s’applique d’ailleurs à les multiplier. La Bourse de Chicago et le Nasdaq vont lancer des contrats à terme sur l’eau en Californie. Celle-ci va devenir un actif financier, le marché de l’eau dans cet État, qui en est un grand consommateur en raison de sa population et de ses activités agricoles, est estimé à 1,1 milliard de dollars. Longtemps gratuite, l’eau est devenue payante en 2014 après une sécheresse extrême et la distribution de quotas a donné naissance à des marchés où les Californiens peuvent acheter et revendre de l’eau. Un nouveau pas a été franchi. Le prétexte est de pouvoir se couvrir contre la volatilité des prix de l’eau.
Dans le cas d’autres produits de base (les « commodities »), de tels instruments ont été systématiquement détournés de leurs objectifs d’origine afin d’en faire des outils spéculatifs. On est à l’opposé de la reconnaissance de l’eau comme un bien commun, dans la lignée de l’impuissance de l’ONU à faire reconnaître ce statut pour de futurs vaccins contre le coronavirus comme elle le demande.
S’ingénier à faire un marché de tout et n’importe quoi serait donc une question de survie pour le système financier. Le laisser-faire voire les encouragements à ce propos ne sont pas de bon augure pour l’Humanité.