Le tournant historique a-t-il été annoncé trop vite ? Les discussions à propos de l’adoption du plan de relance communautaire n’avancent pas et le temps tourne. Le principal obstacle vient des gouvernements hongrois et polonais, qui ne veulent pas que ses subventions et prêts soient conditionnés autrement qu’en paroles au respect de l’État de droit et des règles de la démocratie.
Cet obstacle n’est pas franchi qu’un autre s’annonce. Une vingtaine de parlements nationaux devront ensuite valider le plan, si un accord noyant le poisson est trouvé avec les dirigeants hongrois et polonais pour franchir celui du Parlement européen. Dans le cas des pays frugaux qui se sont fait tirer l’oreille, comme la Hollande, ce n’est pas gagné d’avance, l’opposition étant forte au parlement.
Allant raviver le débat, la BCE a évalué l’avantage que chaque pays retirerait des subventions après déduction du coût de remboursement de sa part de la dette supplémentaire de l’Union nécessaire pour les financer. Les Croates, Bulgares, Grecs, Espagnols et Portugais vont notamment être dans ce cas, au contraire des Autrichiens, Danois, Suédois et Hollandais.
Un autre débat conflictuel est relancé. La dette de la Grèce va dépasser 200% du PIB, celle de l’Italie dépasser 160% et celle de l’Espagne s’approcher de 130%. Comment revenir au ratio de 60% qui avait force de loi ? Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, n’a pas de doutes à ce sujet : « la croissance sera la seule solution face à l’accumulation de la dette publique et privée ». C’est un peu court, faute de mode d’emploi. Dans le meilleur des cas, le long chemin à parcourir va prendre un certain temps vu son montant…