Le Consortium international des journalistes d’investigation – à qui l’on doit les Panamas papers – dévoile le rôle important des grandes banques dans le blanchiment de l’argent « sale », rendant illusoire toute distinction avec le « propre ». 2.000 milliards de dollars auraient été blanchis en 20 ans par les soins de la poignée d’entre elles dont des données sont devenues accessibles.
Ce n’est pas tout ! Une analyse de Standard & Poor’s fait apparaitre que les banques européennes ont largement utilisé les liquidités gracieusement fournies par la BCE pour acheter la dette publique de leur pays – et non pas développer le crédit comme prévu – renforçant le dangereux effet de boucle précédemment amorcé et qu’il fallait réduire : en cas de hausse des taux et baisse de la valeur de ces titres, les banques en subiraient les effets.
La discussion à propos de la poursuite de la politique suivie par la BCE s’est engagée en son sein et promet. Son Emergency Purchase Program (PEPP) devra-t-il ou non s’arrêter dès la fin de la crise actuelle, comme le réclame Jens Weidmann au nom de la Bundesbank ? Si oui, la flexibilité dont elle bénéficie dans ce cadre pour acheter des titres souverains doit-elle être transférée à son programme d’achats à long terme ? Sont en cause les règles initiales qu’elle s’est elle-même donnée, puis qu’elle a abandonné pour privilégier l’achat des obligations italiennes, espagnoles ou grecques et non plus allemandes afin de respecter le poids économique de chaque pays au sein de la zone euro.
Le Parlement européen y met du sien à propos du plan communautaire de relance vis-à-vis duquel il manifeste de substantiels désaccords à l’occasion de son adoption. Ils portent sur la réduction de budgets de la Commission, mais également sur les mesures qui devraient être prises à l’encontre des gouvernements ne respectant pas les lois européennes, comme le hongrois, ainsi que sur les mesures d’accroissement des recettes propres de la Commission afin de soulager le remboursement ultérieur de ses emprunts massifs pour les État. Il y a du grain à moudre !
C’est le moment qu’a choisi le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, pour enfin dire ce qui était déjà sur de nombreuses lèvres à propos de la suspension du Pacte de stabilité : « On ne peut pas imaginer remettre en place le même Pacte (…) Faut-il des règles budgétaires ? Certainement. Est-ce qu’il faut les revoir ? Certainement aussi ».
Le consensus franco-allemand, déjà bien difficile à tenir pour la façade, va être soumis à rude épreuve. Ce qui a été planqué sous le tapis en ressort, comment trancher entre des approches qui, quoi qu’il ait été affirmé, sont divergentes ?