Sans que cela ne soit une grande surprise, le détricotage de la régulation financière adopté il y a une décennie se poursuit par étapes afin de permettre aux banques d’accroître le crédit, dans le but de favoriser la relance ! Et ce n’est pas fini !
Dernière disposition, un assouplissement des modalités de calcul de l’effet de levier des banques a été adopté par la BCE, qui est en charge de la supervision bancaire. Les pièces et billets de banque ainsi que les dépôts à la BCE peuvent en être exclus, ce qui correspond à un allégement de 77 milliards des capitaux propres obligatoires pour les banques de la zone euro. Les mégabanques ayant un profil de risque plus élevé apprécieront.
En mars dernier, un précédent allégement temporaire – toujours en vigueur – portait sur 120 milliards d’euros, et il était annoncé la suspension des « stress tests » destinés à mesurer la solidité des banques. En juin dernier, l’Union européenne n’avait pas été en reste avec une batterie de mesures autorisant un traitement plus flexible des créances douteuses et une adaptation des normes comptables IFRS.
Dans le domaine de la politique monétaire, 1.300 milliards d’euros de prêts à long terme et à taux négatif (les LTRO) ont été mis sur le tapis en juin également. Et, sentant que les vents leur sont favorables, les banques réclament maintenant un nouvel assouplissement. Celui des règles prudentielles de Bâle 3, dont l’application a pour l’instant été prudemment reportée à 2023.
Le monde a décidément bien changé ! L’endettement, que ce soit celui des États, des entreprises ou des particuliers, est désormais privilégié après avoir été banni. Il a fallu tenir compte de la vigueur de son augmentation et admettre que c’était la seule solution – à vérifier – pour relancer une croissance anémique. Une autre caractéristique, avec la faiblesse persistante de l’inflation dont le taux ne correspond plus aux canons. Le capitalisme tout entier est entré dans des territoires inconnus.