Nous n’en avons pas fini, eux non plus ! La stratégie du cantonnement de la pandémie dans des « clusters » est fragile alors que le virus circule toujours et que le seuil d’une « immunité naturelle » qui reste théorique est très loin d’être atteint. L’horizon du vaccin est quant à lui incertain.
En France, le conseil scientifique confirme le mélange des genres qui a été instauré entre la politique et la science. Redoutant une seconde vague « probable » de la pandémie, il affirme toutefois qu’une nouvelle période de strict confinement n’est pas envisageable, s’aventurant sur un terrain qui n’est pas le sien. On ne peut pas prendre le luxe d’un deuxième confinement, entend-on dire, rappelant l’argument selon lequel on vit au-dessus de nos moyens et qu’affectionnent ceux qui sont au-dessus de ces contingences.
La discussion à propos du remboursement de la dette n’en finit pas, opposant les partisans de la dette perpétuelle à ceux qui prétendent qu’une dette doit toujours être remboursée sans savoir comment, au nom de leurs analogies trompeuses ou en raison de leur ignorance historique. Avec ceci de remarquable qu’ils occultent une question pourtant déterminante : comment stopper l’accroissement de la dette ?
Celle-ci se pose avec d’autant plus d’acuité que les trous financiers à boucher sont profonds, se multiplient, et que les budgets publics vont continuer d’être mis à contribution pour les combler. Une fois que sa nature, son montant et sa répartition entre pays aura été laborieusement fixée, la manne de Bruxelles n’y suffira pas. Une partie importante des mesures de soutien aux entreprises a reposé sur des différés de paiement d’impôts, de taxes et de cotisations, que se passera-t-il quand les échéances surviendront ? Il est compté sur les banques pour distribuer de nouveaux crédits, ce qui reviendra à accroître encore l’endettement des entreprises, à moins qu’elles ne mettent la clé sous la porte.
Un arbitrage entre l’arrêt du confinement et la relance de l’activité économique a été effectué, advienne que pourra ! Mais un nouvel arbitrage va devoir être rendu entre les engagements à venir de l’État et leur financement. Là encore, cela ne prend pas le chemin du désendettement, tout au contraire !
Il est attendu de la relance qu’elle soit vertueuse en s’inscrivant dans une perspective de décarbonisation. C’est promis mais cela reste à faire ! Mais cela suppose de lourds investissements auxquels les gouvernements ne vont pas pouvoir échapper. À ce propos, comment la Commission envisage-t-elle de s’y prendre ? en empruntant sur les marchés pour l’essentiel !
Ils n’en sortent pas de leur addiction à la dette. Pour l’alimenter, ne pouvant plus compter sur l’inflation qui l’érode progressivement, les gouvernements misent sur le retour de la croissance et le maintien de faibles taux obligataires. Ils sont sur une ligne de crête d’où ils peuvent chuter en cas de faux-pas.