Tournant ou pas tournant ? Pour Emmanuel Macron la question serait sur le tapis, à condition de se laisser prendre à de pauvres artifices allant le conduire à petitement composer sans renier ses objectifs, tout en évitant un nouveau Grenelle.
La dette publique n’est plus l’hydre brandie hier, mais c’est à condition que la BCE continue d’agir afin de contenir les taux obligataires. Certes, la récession n’aide pas, mais des marges de manœuvres subsisteront tant que le taux d’intérêt moyen payé sur la dette restera nul ou même négatif. À cet égard, il s’imposerait d’abandonner le plafond d’un ratio de la dette comparé au PIB. Il n’a aucun sens économique car il est politique. Roulée, la dette restera globalement soutenable, même si « la relance » se fait désirer comme probable. Replier les filets de sécurité précipiteront par contre une crise sociale et politique d’envergure. Et cette « relance » mal nommée ne devrait pas faire l’économie d’une sérieuse transformation de l’appareil productif, faute du désastre environnemental annoncé, sans s’appuyer sur un « green business » suspect au vu des affligeants résultats du marché du carbone.
La crise économique est asymétrique, comme le formulent les économistes. Les disparités s’approfondissent entre les parties du monde, les pays et leurs régions. C’est dire que la solution du repli n’en est pas une car elle augmentera encore les inégalités. La parole est donc à ceux qui associent une délocalisation à une autre globalisation – une autre division du travail et coopération – et non pas à ceux qui ont de la souveraineté une conception la réduisant à l’État-nation du passé, occultant l’histoire de sa constitution. La seule souveraineté repose désormais sur les peuples, sans retour en arrière possible, l’horizon s’est élargi.
L’État n’est pas d’avantage la solution. Non seulement en raison de son caractère étriqué et des connivences de ses représentants, mais aussi parce qu’il procède d’une délégation de pouvoir qui demande à être remise à plat. Ce qui revient à dire que de nouvelles formes de démocratie – un terme qui associe à son origine « pouvoir » et « peuple » – doivent être inventées. Inventer est d’ailleurs un bien grand mot, car des formes spontanées d’auto-organisation montrent le chemin chaque fois que l’occasion s’en présente. Le travail est une valeur, une réalisation de soi, mais à condition de ne pas être aliéné et d’être librement consenti.
La pensée libérale qui réduit autant que possible l’intervention de l’État a ceci de faux qu’elle lui substitue un pouvoir abstrait et dévastateur, celui de l’argent, accordant à la monnaie un statut de bien qu’elle n’a pas, à l’heure où la notion de biens communs soustraits au fonctionnement du marché fait florès. La création de la valeur consiste à faire de l’argent avec l’argent et ne renvoie à aucune autre valeur. Il n’est pas exagéré de parler à son propos d’une nouvelle et féroce religion, comme si nous n’étions pas libérés des croyances et de la domination de leurs prêtres. Et cette église-là dispose de solides points d’appuis, ainsi que des intérêts à défendre.
Comment la réduire n’est pas encore trouvé. Les idées peuvent devenir des forces matérielles, avait prédit un grand penseur du XIXème siècle à l’orée de guerres mondiales et d’un bouleversement au grand retentissement qui a mué en repoussoir. L’Histoire n’a pas de finalité mais elle ne se répète pas.
Inventer la démocratie va être tendance car nous y sommes pratiquement invités avec la désillusion de l’économie mondialisée rendue critique par la fermeture de la boutique libérale mise dans l’impossibilité de réapprovisionner ses rayons. Les activités devraient se re-localiser à marche forcée, d’autant plus vite si la tentative de reprendre le cours d’avant connait un échec cuisant avec des déboires en cascades.
Si l’on s’active à trouver un vaccin pour le Covid-19, politiquement les français sont déjà vaccinés pour la droite, la gauche et le centre. Le gouvernement actuel ne peut l’ignorer. A l’image de cette haie d’honneur particulière adressée à la ministre de la santé en Belgique, les français n’ont d’autre terrain de jeu politique que local, la commune le département la région, les seuls responsables qui soient à portée de main et ça tombe bien puisque c’est le retour du local aussi en économie.
Je ne sais pas s’il existe une manière de mettre hors jeu la finance (une certaine finance) mais vu qu’elle est (cette finance là) déjà en dehors de l’économie réelle et de la réalité du monde, ce serait une bonne occasion de la laisser crever toute seule avec ses affidés et ses modèles.
Une fiction sans doute. Lorsque le monde se dérobe sous vos pieds, la naïveté prévient de l’imminence de la chute.
Pardon, la Première Ministre belge et non la Ministre de la Santé.
La « belgitude » : le personnel de l’emblématique l’hôpital st Pierrre de Bruxelles faisant, en toute tranquillité, une haie d’honneur, le derrière tourné, à la Première Ministre les visitant .
La Belgique, fille aînée de l’OTAN, fait de résistance passive, puisqu’il s’en est fallu de peu, il y a quelques mois, pour que les bombes atomiques stockées à Kleine-Brogel (nous n’étions pas censés savoir) en direction de la Russie fussent refusées. Ce sont encore de vieux modèles, certes, mais leur maintien prépare leur remplacement par des modèles neufs, plus adapté à la doctrine US récente de la frappe atomique limitée).
Le même refus de la soumission à l’OTAN sur l’entreposage nucléaire se dessine en Allemagne, mais logiquement, l’armée allemande, dont les carrières dépendent de l’OTAN, veut les conserver. Toutefois l’industrie allemande, tourne le cul, et demande la mise ne service du gazoduc North Stream 2, ce qui ne plaît pas à l’OTAN.