Il fallait sauver le système de santé, le tour des banques est revenu. Les gouvernements ne sachant plus où donner du portefeuille, celles-ci sont déjà sollicitées devant des « accidents industriels » qui ne touchent plus seulement des entreprises mais aussi des secteurs entiers de l’économie. Et, comme le sauvetage d’Air France-KLM le montre, elles demandent de sérieuses garanties à L’État pour prêter, après s’être beaucoup fait prier. Ce n’est que le premier épisode.
Quand ce n’est pas le chantage à l’emploi, celui de la participation à la relance prend sa place. Les banques veillent au grain et anticipent l’augmentation à venir du coût de leur financement, quand il faudra répondre aux demandes accrues de crédit et compenser les pertes occasionnées par les défauts de remboursement sur les précédents. Les banques américaines ont déjà passé 25 milliards de dollars en provision, ce qui donne une idée de l’étendue des dégâts attendus. On en saura un peu plus lorsque les banques françaises annonceront leurs résultats trimestriels la semaine prochaine.
Les garanties publiques à leurs prêts sont donc accompagnées d’assouplissements des règles prudentielles, de réduction des exigences en fonds propres et de modalités du calcul de leur risque accommodantes. Une atténuation des règles comptables et du calcul de « l’effet de levier » devraient également intervenir.
Si les banques européennes se prétendent en bonne forme – tout dépend de ce qui les attend – les françaises ne figurent pas dans le haut du panier. Ce qui a incité l’agence S&P à leur attacher une perspective négative en raison de leur ratio de fonds propres. Cela a aussi conduit l’Autorité bancaire européenne (EBA) à annoncer qu’elle allait adopter une approche « pragmatique et efficace » de son examen annuel. Enfin, la création d’une « bad bank » récupérant leurs créances douteuses que propose la BCE pourra également les aider.
L’ordre de mobilisation a déjà été lancé. Une contribution de la BCE est également attendue, sur le mode adopté par la Banque du Japon qui est désormais qualifiée de laboratoire des banques centrales, c’est à dire de précurseur. Elle a non seulement symboliquement annoncé qu’elle ne fixait plus aucune limite à ses achats obligataires, mais aussi qu’elle allait accroitre ses achats d’obligations d’entreprises et de « papier commercial » (les dettes à très court terme). Les réunions de cette semaine de la Fed et de la BCE apporteront-elles des clarifications sur la suite qu’elles entendent donner à ce qu’elles ont déjà entrepris ?
Sur les marchés financiers et physiques, le cours du pétrole continue de susciter de grandes inquiétudes à propos de l’industrie pétrolière. Des deux côtés de l’Atlantique, va-t-elle aussi bénéficier d’un soutien hors normes ? Son prix affleure les 20 dollars le baril pour le Brent de la Mer du Nord et est descendu jusqu’à 10 dollars pour le WTI, la référence du baril américain. Dans le premier cas, il n’y a presque plus de capacité de stockage du pétrole de disponible et la production est toujours très supérieure à la demande. Dans le second, l’un des principaux acteurs financiers du marché, l’United States Oil Funds (USO), minorise ses pertes et pèse sur les cours en se délestant de ses avoirs à échéance de juin, déjà échaudé par ses pertes en raison du prix négatif du pétrole sur le marché à terme le mois précédent,