L’État est le dernier recours, c’est sans discussion ! Il l’est quand il devient vital de différer, prêter ou donner. Il l’est lorsqu’il préserve l’emploi ou quand il compense les pertes de chiffre d’affaires des entreprises et les chutes de revenu des particuliers. Son intervention pourra si nécessaire s’élargir. Quand la crise survient, l’État est une garantie tous risques. Les arbitrages ne sont plus confiés au marché qui n’est plus déifié. Il en découle bien des conséquences.
La vie de tous les jours est bouleversée, l’échelle des valeurs n’est plus la même. Il était fait hier référence à la création ou à la destruction de la valeur, les financiers s’étant emparés des valeurs pour les dénaturer. Un retour aux valeurs morales est aujourd’hui intervenu avec le besoin d’empathie. Le calcul de la valeur n’est plus le même quand la protection de la force de travail succède à l’optimisation de son coût, quand l’endettement public sacrilège devient la moins mauvaise des solutions.
La fiction est devenue réalité, nous donnant l’impression de vivre un jour sans fin comme Bill Murray au cinéma. Le calendrier de la crise nous échappe, nous faisant à notre tour pénétrer dans des territoires inconnus qui étaient l’apanage des financiers. Ce qui nous arrive était inimaginable, cela rend la suite plus imaginable.
Les initiatives se multiplient afin de dessiner le monde de demain. Jamais une telle réflexion n’aura été engagée à une telle échelle, avec tant de conviction. Jamais il n’aura été autant possible de s’appuyer sur de nombreuses remises en question, afin de revisiter ce qui était auparavant présenté comme immuable. Chacun dans son coin et tous ensemble afin de vérifier si, dans des circonstances exceptionnelles, les idées peuvent devenir une force !
Quand l’État reprend la main, cela soulève une question avec plus d’acuité : qui décide ? comment doit s’exercer la démocratie ? Ne faut-il pas revoir le principe de la démocratie représentative en partant d’un autre principe, celui de son extension ? Il est question des secteurs « essentiels » de l’économie à préserver. Les énumérer aidera à dresser la liste des « biens communs » en vue d’établir – démocratiquement – ce que sont les biens « socialement nécessaires » qui devront profiter de cet élargissement.
Ce n’est qu’une esquisse à grands traits, reste à y mettre les couleurs !
On peut toujours rêver !