Depuis leurs balcons, les Italiens donnent en chantant une leçon aux financiers qui paniquent. Les Bourses sont en pleine débandade et les banques centrales attisent le feu en prenant des mesures qui par leur ampleur inquiètent plus qu’elles ne rassurent. Dans le monde financier, la confiance ne règne plus du tout.
Aux États-Unis, une crise de solvabilité succède déjà à la crise de liquidité qui a atteint les marchés des obligations du Trésor et des Mortgage-Backed securities (MBS) garantis de fait par l’État. Or ceux-ci, piliers du collatéral, solidifient le système financier.
Ayant appris à s’en méfier, l’attention des analystes se porte sur la solidité des banques, dont le cours a chuté de près de 20%, mais ils se rassurent en remarquant que si la régulation a été assouplie mal à propos, elles ont néanmoins renforcé leurs fonds propres. Les méga fonds d’investissement non régulés pourraient être le point faible qu’ils recherchent, mais cela ramène ces analystes aux banques, auprès desquelles les fonds se financent…
Tout le monde se tient par la barbichette mais personne n’a envie de rire ! Moody’s a dégradé de « stable » à « négative » la note des banques en raison des tensions qu’elles connaissent, et BlackRock a chuté de 5,5% hier en Bourse en raison d’importants retraits des investisseurs sur le marché des Exchange traded funds (ETF) qu’émettent les fonds d’investissement.
La Fed essaye de parer à tout, mais les fonds d’investissement n’ont pas accès à ses guichets, et elle ne peut les soutenir qu’indirectement. Elle est aussi vivement appelée à intervenir dans un autre secteur, en achetant du papier commercial émis par les entreprises pour se financer à court terme, cet autre marché donnant également des signes de tension. Elle pourrait également intervenir sur celui des Collateralized Loans Obligations (CLO), la titrisation des prêts aux entreprises déjà très endettées. Au train où vont les choses, finira-telle par acheter des actions ?
Il est déploré qu’elle agit sur les symptômes et non pas sur les causes, en référence à la situation devenue difficile de nombreuses grandes entreprises. Grande découverte, la crise est cette fois-ci économique dès son démarrage et les banques centrales ne sont pas armées pour la stopper ! D’où la panique ambiante, car elle pourrait vite rebondir au sein du système financier. Le FMI avait déjà mis en garde, à l’automne dernier, devant l’importance de la dette des entreprises et sa fragilité. Si une débâcle inférieure de moitié à celle de 2008 devait intervenir, avait-il calculé, 40% de la dette obligatoire mondiale de 19.000 milliard de dollars ne pourrait pas être remboursée… L’Institute of International Finance (IIF), le lobby international des mégabanques a depuis chiffré à 257.000 milliards de dollars l’endettement mondial global, en augmentation de 50% depuis 2008. Une sacrée épée de Damoclès !
Ne craignant pas de reprendre une expression qui a force tourne au cliché et perd son impact, le G7 a hier promis de faire « tout ce qui fallait » afin de soutenir l’économie. Mais il n’a rien annoncé et s’en est tenu à donner les « pleins pouvoir » aux gouvernements afin qu’ils coordonnent leurs actions. Quant aux Européens, ils ont décidé de fermer leur frontière collective et de préserver la libre circulation des marchandises en son sein. Pour le reste, ils s’en remettent avant tout aux efforts financiers des uns et des autres que l’assouplissement des dispositions du « pacte de stabilité » va permettre. C’est maigre et favorise l’action en ordre dispersé.