Les Bourses se sont un peu reprises, mais l’alerte a été donnée. Sans que cette fois-ci le système financier en soit à l’origine, en attendant la suite. On enregistre bien la chute du prix du pétrole ainsi que celle du trafic maritime dans le domaine économique, on scrute également un marché des ETF devenu un point très sensible, mais l’essentiel n’est pour l’instant pas là. La rupture des chaînes de valeur est le sujet de plus grande inquiétude.
Les guerres commerciales de Donald Trump avaient engagé une dynamique de démondialisation, la pandémie du coronavirus l’approfondit. Avoir fait de la Chine l’usine du monde afin de diminuer « le coût du travail » a un prix qu’il faut payer quand intervient la fermeture de nombreuses usines alors que la relance de la production est freinée par les mesures prises pour cantonner le virus. Il est découvert tardivement que le danger systémique n’est pas propre au monde financier et que le monde économique n’y échappe pas. Et ceux qui fondent leurs espoirs dans un rebondissement rapide de la production risquent fort d’être pris à contre-pied. Revenir sur la délocalisation de la production ne s’obtient pas en claquant des doigts, ce sont des usines qu’il faut déplacer, toute une logistique qui doit être réorganisée.
Cette fois-ci, le chemin emprunté par la crise pourrait être inverse, allant non pas de la finance à l’économie, mais dans le sens opposé. Avec toutefois une constance, l’opacité qui entoure le processus. L’organisation de nouveaux tests de résistance des banques au risque climatique est désormais envisagée, mais rien n’a été prévu pour mesurer le risque de rupture des chaines de valeur. Celui-ci n’est pas plus évident à discerner, affectant tout aussi bien les grandes entreprises mondiales que leurs myriades de sous-traitants parmi les petites et moyennes entreprises.
Les banques centrales ont l’arme au pied, avec comme principale mesure de nouvelles injections de liquidités dans le système bancaire, éventuellement assorties d’incitations au développement du crédit auprès des entreprises. Être accommodant sur les remboursements ne suffira pas. Mais de telles injections ne régleront rien du côté des fonds d’investissement, sauf à les inclure dans la distribution, une nouveauté, car ils vont connaître une crise de liquidités si de nombreux clients demandent la reprise de leurs ETF soupçonnés d’être adossés à des valeurs menacées par la rupture des chaînes d’approvisionnement. Or, on en trouve dans tous les secteurs, parfois les plus inattendus, et pas uniquement dans l’industrie automobile.
Un descriptif systématique sous cet angle de l’activité économique n’a jamais été réalisé, et on ne peut pas compter sur les entreprises pour annoncer leur faiblesse. Comme l’a déclaré un connaisseur, le patron de BlackRock Larry Fink, le plus grand fonds d’investissement, « une revue des chaînes d’approvisionnement va devoir être entreprise ». Il aurait pu ajouter, dans l’improvisation…
À suivre.
Les dirigeants des grandes entreprises sont désormais des managers financiers et par conséquent fondamentalement incompétents pour appréhender les productions industrielles (le concret) d’où ce syndrome «d’obtenir en claquant des doigts », quitte à terroriser les équipes (cf. chez VW) et exiger des délais irréalistes (cf; tous les grands projets actuels, pas seulement les EPR !).
Je pense qu’ils ont ainsi mis en place d’énormes « cliquets ».
Avant de fermer une usine en Europe et la « délocaliser » en Chine, il fallait d’abord soit en construire neuve soit faire fabriquer avec une usine locale déjà existante (et récente aussi). Quand c’était prêt, on fermait la « vieille » usine européenne et éventuellement (ça fait plaisir au voisinage, on la rasait pour y mettre du gazon).
Je sais bien qu’on peut déplacer les usines au sens de ce que firent les Soviétiques dans l’Oural en 40 (ou depuis la future RDA ensuite): les murs comptent peu. Comptent les machines, et surtout les hommes avec leurs savoir-faire, de l’ouvrier à l’ingénieur.
C’est là que la mission me semble impossible (et avec un claquement de doigts). Presque trop tard.
Ces gens ont pratiqué une politique de la terre brûlée. Ils ont détruits des usines et des vies, au nom du Veau d’Or. Seront-ils un jour jugés ?
« Ces gens ont pratiqué une politique de la terre brûlée. Ils ont détruit des usines et des vies, au nom du Veau d’Or. Seront-ils un jour jugés ? »
Ils le seront. Ils vont rapidement comprendre qu’ils sont désormais ruinés.
Le Veau d’Or et Mammon sont des dieux exigeants.