Irrésistiblement, la crise politique s’étend et les partis de gouvernement continuent d’en faire les frais. Les élections irlandaises en ont fourni ce week-end le dernier épisode en date, la défaite du Fine Gael ouvrant une période d’incertitude en l’absence d’une alternative claire pouvant s’imposer.
Rompant l’alternance des partis de gouvernement comme en Espagne, bien que grand gagnant en Irlande, le Sinn Féin n’est pas en mesure de gouverner seul, faute de majorité. Tandis que la reconduction de l’accord entre le Fianna Fáil et le Fine Gael, au terme duquel le premier détenait le pouvoir avec le soutien négocié du second, est fort peu probable. Une majorité est-elle alors concevable sur la base d’un accord entre le Sinn Féin, le Labour et les Verts ? C’est la solution qui va être explorée, mais même en cas d’accord les trois formations pourraient ne pas disposer d’une majorité à l’assemblée.
Au-delà de cette arithmétique, les électeurs ont clairement revendiqué une politique sociale, notamment dans les secteurs du logement et de la santé, parents pauvres de la politique du gouvernement sortant, mais comment cela va-t-il se traduire dans les faits ? La politique néolibérale vient de subir un grand désaveu et l’issue politique reste à trouver, ce n’est pas le seul exemple.
En Allemagne, la chute de la coalition CDU/CSU et SPD n’est pas intervenue à l’occasion de l’accord intervenu entre la droite classique et une AfD d’extrême-droite aux relents nazis prononcés dans le land de Thuringe, rompant un tabou. L’occasion était pourtant belle pour le SPD, mais ses dirigeants ne l’ont pas saisi. N’étant pas sûrs de l’avantage que leur procurerait la tenue de nouvelles élections et, comme leurs partenaires, soucieux de ne pas susciter une crise politique dans le contexte actuel de détérioration économique prononcée. Si, en raison de ces calculs, la coalition parvient au terme de son mandat, ce sera donc à reculons, ne voulant pas amener dans l’immédiat une nouvelle situation dont les membres estiment n’avoir rien à gagner. L’illustrant, la gauche du SPD tergiverse après avoir mis de l’eau dans son vin.
Plus décisif semble-t-il, l’industrie automobile – ce fleuron déjà menacé par la crise de la motorisation diesel – est l’objet de toutes les attentions. Peter Altmaier, le ministre CDU de l’économie, vise à la préserver des mesures de réduction des émissions de carbone de la Commission européenne, tandis que les dispositions visant à restreindre les moteurs diesel ont été réduites comme peau de chagrin dans le pays… La transition écologique avance aussi à reculons…