L’échéance de l’application de nouvelles réglementations se rapprochant dangereusement à leur goût, les banques et autres gestionnaires d’actifs européens se rebiffent. En France, ils ont trouvé l’appui de députés menés par Eric Woerth, un ancien ministre du Budget, qui réclament la clémence à propos du renforcement des fonds propres des banques qui les attend. Mais un autre sujet d’inquiétude est apparu avec la prochaine arrivée en septembre de nouvelles règles régissant les transactions de titres.
De quoi se mêlent donc les régulateurs, mettant le nez où il ne faut pas, à vouloir imposer des amendes lorsque l’un des acteurs d’une transaction – l’acteur ou le vendeur d’un titre – ne remplit pas ses engagements après un court délai de grâce ? Il est estimé que, dans leur masse imposante, une dizaine de milliers de ces transactions est quotidiennement dans ce cas sur le marché européen, donnant toutefois l’ampleur du problème qu’ils veulent résoudre.
L’International Capital Market Association (ICMA), qui veille au grain et défend les intérêts du système, minorise le phénomène en rappelant que quelques coups de fil suffisent généralement pour, dans la plupart des cas, régler la question entre gens de bonne compagnie. Dans ces conditions, pourquoi imposer systématiquement des amendes qui vont avoir pour effet de diminuer ou même d’annihiler des marges déjà faibles ? Car, menace-t-elle, cela incitera les intermédiaires à augmenter le coût de leur prestation pour les préserver, n’ayant pas les moyens de payer les amendes envisagées, aboutissant à diminuer le volume des transactions et attentant à la sacro-sainte liquidité du marché, entendez sa fluidité. Or, l’importance du volume des transactions compense la faiblesse de la marge. Et, pour conclure le plaidoyer, diminuer les marges sur les transactions est-il vraiment opportun alors que leur automatisation les amenuise déjà ?
Celle-ci fait de plus en plus souci. L’essor impressionnant de la gestion passive des Exchange traded-funds (ETF) a en effet pour origine des performances qui valent bien, et au-delà, ceux d’une gestion active plus onéreuse en raison de l’intervention de traders. Préserver les marges est essentiel pour le système et implique un grand volume de transactions et donc un imposant système financier. La place grandissante sur les marchés boursiers du trading à haute fréquence (THT), répond à la même évolution, avec la même logique.
La nature hydrocéphale du système financier est fonctionnelle, c’est elle qui doit être traitée.