L’année s’est terminée, la grande coalition CDU/CSU-SPD a survécu, et c’est d’Autriche qu’est venu le changement attendu en Allemagne, où les Verts vont accéder au pouvoir au côté du parti conservateur ÖVP pour y succéder à l’extrême-droite du FPÖ.
La crise politique a ses lenteurs tandis que le monde politique et financier se verdit, saisissant l’occasion, l’opportunité aidant, de renouer avec l’opinion. Mais cela continue de partir dans tous les sens. Si le Conseil national de l’ERC catalan en décide aujourd’hui, comme probable, le gouvernement PSOE-Podemos sera investi en Espagne. Pour la première fois depuis la chute de Franco, l’extrême-gauche accédera au pouvoir.
La situation est plus confuse en Italie, où Matteo Renzi s’apprête à lancer un nouveau parti, Viva Italia, une scission du Parti démocrate. Et où la démission du ministre du Mouvement des 5 étoiles Lorenzo Fioramonti s’inscrit dans la perspective d’une scission du mouvement opposé au cours droitier de sa direction actuelle, qui pourrait en sortir sérieusement ébranlée, et préparer également une partition. Giuseppe Conte, le président du Conseil, pourrait dans la foulée tenter de reconfigurer une majorité, mais ce calcul repose sur des pointes d’épingles, et le retour triomphant de Matteo Salvini au pouvoir est une hypothèse plus vraisemblable.
Au plan économique, l’horizon est bouché. Les prévisions de croissance sont au plus bas, dans tous les cas inférieures au 1,4% atteint péniblement l’année passée, qui demande encore à être confirmé. Et il n’y a pas foule au rayon des bonnes nouvelles que l’on peut attendre, les incertitudes étant du côté des mauvaises. L’Italie pourrait retomber dans la récession et l’Allemagne n’en sera pas loin si sa crise industrielle s’approfondit. Côté stimulus et mesures de relance, rien de tangible ne peut être espéré.
Et pendant ce temps-là, la dette publique et privée ne cesse de croître, de même que la température atmosphérique. Dans les milieux financiers, la campagne contre les taux obligataires négatifs gronde. Ce marché n’est plus le point d’appui sécurisant qu’il était, les obligations d’État étant les compagnons des mauvais jours. Mais par quoi les remplacer ? Des titres souverains de qualité des pays émergents quand ils existent ? de la dette des entreprises solides ? de l’or en dernière instance ? Cela a un petit côté expédient et cela inquiète. Il est même suggéré aux banques centrales par des experts avisés de remonter la clé de la hausse des taux obligataires que représente leur taux de dépôt et, pour l’Europe, de rendre plus attractif et de plus longue maturité les prêts aux banques du programme LTRO de la BCE. Car, en fait de relance revendiquée, il s’agit en réalité de soulager ces dernières. Leur sauvetage n’est pas terminé.