Afin de renforcer leurs fonds propres, les banques européennes sont en train de s’endetter pour plus de 100 milliards d’euros. Vous avez bien lu, c’est un des miracles de la finance qui n’est pas à la portée du premier venu ! C’est le fruit du grand retour, depuis un an, des obligations subordonnées, qualifiées pour tout éclaircir de « Senior Non-Preferred Notes » (SNP) dans la hiérarchie de l’endettement bancaire.
Au classement des plus grands émetteurs de cette dette un peu particulière, les banques françaises sont placées devant les italiennes, les allemandes et les espagnoles. Pour mémoire, les SNP sont en cas de besoin transformées en actions lorsqu’un événement décidé à l’émission intervient, le franchissement d’un seuil donné par exemple.
Les banques européennes les plus systémiques – faisant potentiellement le plus de dégâts – sont ainsi face à l’échéance réglementaire de 2022 du Conseil de stabilité financière (FSB). Elles ne sont pas les seules, car en Europe la plupart des banques doivent répondre à une «exigence minimale de fonds propres et d’engagements éligibles», qualifiée de MREL (encore un acronyme anglais). Mais, pour adoucir leur peine, il a été créé fort à propos ce nouveau type d’obligation. Afin de l’exposer sous un jour avantageux, elle est présentée comme concourant à la protection des contribuables afin qu’ils ne soient plus appelés au renflouement des banques.
Pour leur part, les investisseurs ne rechignent pas à l’ouvrage et, malgré le risque de ne pas être remboursés, les aléas du statut d’actionnaire leur pendant au bout du nez, ils souscrivent massivement à ces titres de dette dont le rendement est appréciable en ces temps de taux obligataires négatifs, jusqu’à maintenant. En cette fin d’année, ils ne sont pas totalement malheureux pouvant se rattraper sur des marchés boursiers qui caracolent. Bien que ni la situation économique générale ni celle des entreprises ne le justifient, les hausses importantes enregistrées reposant sur une croissance des bénéfices peu à même de se renouveler l’année prochaine au dire des analystes. Tant pis, cela sera toujours cela de pris !
Dans ce monde-là, il n’y en a que pour les marchés, pas de quoi s’étonner.