Il n’était pas question de tenir un deuxième tour de l’élection algérienne, un seul aura donc suffit pour que soit désigné un président. Il n’avait pas d’avantage été possible d’empêcher le rejet de ce simulacre dans les rues d’Alger, le jour même du vote.
Le chef d’état-major de l’armée est parvenu finalement à ses fins, mais à quoi cela l’avance-t-il ? Comment va-t-il s’en sortir ? Il va dorénavant disposer d’un paravent civil pour exercer son pouvoir et faire durer le système, mais comment va-t-il gouverner ? Le pays n’est pas seulement en crise politique, il est entré dans une crise économique. La rente pétrolière n’est plus ce qu’elle était, ce qui ne va rien arranger, le chômage touchant déjà un quart des jeunes de moins de trente ans. Dès lors, combien de temps les réserves de devises qui financent les importations de biens de consommation vont-elles durer ?
Cela fait aujourd’hui 43 semaines que les algériens tiennent la rue, pourquoi cela s’arrêterait-il ? Une marée humaine a à nouveau envahi les rues d’Alger ce vendredi sans que rien ne l’en empêche. Les arrestations se multiplient dans le pays, mais que va pouvoir faire la sécurité militaire face à un mouvement sans tête qui estime n’avoir rien à perdre pour en avoir trop vécu ? Le général Ahmed Gaïd Salah est devant un problème insoluble auquel rien ne l’a préparé. Il a été pris conscience que le système qu’il représente a confisqué les bienfaits de l’indépendance. Étouffer la révolte n’est pas dans ses moyens. Les situations de double pouvoir sont par nature instables, mais parfois elles durent.