Les négociations sur le climat de Madrid accouchant d’une souris, il n’est toujours pas répondu à l’urgence de la réduction des gaz à effet de serre. Et ce n’est pas le « Pacte vert pour l’Europe » de la Commission qui y changera quoique ce soit, frère siamois du plan d’investissement pour l’Europe, dit plan Juncker : tout dans les mots, fort peu dans les actes ! Ces politiques ne changeront jamais.
Pendant ce temps-là, d’autres ne perdent pas le Nord ! Profitant de la transposition en droit européen et américain des mesures de renforcement des fonds propres, qualifiées de « Bâle IV » pour mieux en signifier le refus, les représentants des banques de part et d’autre de l’Atlantique dénoncent l’avantage compétitif de l’autre pour le bénéfice de tous. Ce qui a conduit William Coen, ex-responsable du Comité de Bâle après l’avoir dirigé durant dix ans, sentant leur contournement venir, à dénoncer la « myopie » que représente l’habillage en Vert de la finance afin de justifier des aménagements aux ratios de fonds propres.
Ce que les autorités de Bruxelles par la voix du vice-président de la Commission n’ont pas exclu, après avoir déjà baissé les obligations de détention de capital de son « pilier 2 ». Aux États-Unis, Randal Quarles qui est en charge de la supervision bancaire au sein de la Fed, a de son côté fermement déclaré qu’il ne fallait pas accroître les obligations de fonds propres des banques.
Tout est à l’avenant dans le domaine financier. En raison d’une opposition interne, la SEC américaine ne parvient pas à conclure un projet de régulation qui prévoyait d’imposer aux investisseurs de remplir un questionnaire attestant qu’ils comprenaient le risque des ETF à effet de levier, et qui prétendait interdire que celui-ci soit supérieur à un facteur 3 (avec comme conséquence que les gains soient multipliés par trois, à moins que ce ne soient les pertes..). Au sein de l’instance de régulation, il s’est trouvé des responsables pour réfuter le précédent qui consisterait à dresser « une barrière entre un investisseur et un produit financier, nos règles présumées établissant que les investisseurs ont le droit d’accéder à la gamme complète des actifs disponibles sur le marché »…
En Europe, c’est le dossier de la taxe sur les transactions financières, en discussion depuis 2011, qui fait l’objet de toutes les attentions. Olaf Scholz, le ministre allemand des Finances, vient d’en proposer une nouvelle version pour l’Allemagne excluant de son champ d’application les produits dérivés et le trading à haute fréquence pour ne retenir que les transactions des actions des entreprises dont la valorisation est supérieure à un milliard d’euros, c’est à dire le secteur le mieux régulé du marché. La spéculation financière n’en sort pas abattue.
Impuissance d’un côté, connivence de l’autre, à moins que ce soit la même chose !