Où va l’économie mondiale ? Elle est dorénavant promise à une longue asphyxie, personne ne prétendant plus apercevoir un petit coin de ciel bleu. La cause est entendue mais le flou règne quand on en vient aux explications.
Évacuons en premier les théories des cycles du genre « après la pluie vient le beau temps ». Leur apparent bon sens est une fadaise : les théories des cycles ne manquent pas, quelle est la bonne ? Ne serions-nous pas à la fin d’une ère, la suite sans garantie ? D’autres commentateurs se croient inspirés en parlant de purgatoire, comme s’il y avait une faute à expier. Quand la « science économique » vient sur le terrain de la morale, c’est qu’elle n’a plus rien à inventer. Avec une productivité pointée du doigt, à la faiblesse mystérieuse, la guerre commerciale et la fin de la croissance des échanges sont le plus souvent invoqués, quand ce ne sont pas les effets précurseurs de la numérisation ou du changement climatique, ou encore de l’accroissement de la population âgée. Bref, on patauge !
Et si l’on en venait aux causes structurelles ? À la fuite en avant dans laquelle le capitalisme est engagé, une fois exposé le pire dont il est capable ? Le temps d’une croissance épuisant notre planète avec l’endettement comme moteur est révolu. Celui-ci connait une perte de rendement et n’a pas de remplaçant tandis que les banques centrales stabilisent le système financier avec des injections de liquidités, des adjuvants.
Cela ne signifie pas, bien entendu, que le système va nécessairement s’écrouler du jour au lendemain, condamné à une mort subite. Sa résilience n’est pas sans rapport avec le lent accouchement d’une alternative. Le petit monde qui se réclame de la création de la valeur ressasse les siennes qui à force se démonétisent. Les inégalités s’accroissent et produisent leur travail de sape. Échappera-t-il à une nouvelle abolition des privilèges ?