Les commentateurs financiers sont friands de métaphores en tout genre et l’accès de fièvre intervenu sur le marché des repos donne l’occasion d’en rajouter une nouvelle à une liste déjà très fournie : les signes annonciateurs d’une éruption volcanique prochaine se succèdent, avec en commun d’être rebelles à la compréhension.
Qui en effet peut croire que cette fièvre a pour cause, comme on l’entend dire, « une conjonction de facteurs techniques », dont des échéances fiscales et des émissions de bons du Trésor ? En tout cas, par mesure de précaution, la Fed met désormais les petits plats dans les grands après avoir été critiquée pour sa lenteur initiale à réagir. Elle multiplie les injections de liquidé dans ce système qui en regorge et pourtant en réclame encore, cherchez l’erreur ! Devant une demande qui dépasse l’offre, elle a annoncé poursuivre quotidiennement ses injections jusqu’au 10 octobre et doublé l’enveloppe initiale de ses prêts à 14 jours.
Le pansement est éprouvé mais il ne soigne pas les causes du mal qui reste ignoré. Le marché du repo, fondement du système financier, doit être à tout prix stabilisé, car sinon son taux deviendrait insoutenable pour les banques.
Les faits sont là, le système financier s’est habitué aux injections de liquidité, n’apprécie pas l’arrêt des achats de titre des banques centrales correspondants, et n’apprécie pas qu’ils ne soient pas remplacés quand ils arrivent à maturité, comme c’est actuellement le cas. Morgan Stanley et Bank of America Merrill Lynch proposent au contraire une relance de 400 milliards de dollars du QE (Quantitative Easing) que les dispositions prises dans l’urgence par la Fed pourraient annoncer. Si le système financier est désormais assisté, cela doit bien se manifester.
Voilà en tout cas qui éclairerait la démission soudaine du directoire de la BCE de Sabine Lautenschläger, sans qu’elle en donne la raison, les autorités allemandes campant sur leurs principes et souhaitant clairement signifier à Christine Lagarde que, comme l’a dernièrement fait savoir Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, Mario Draghi avait « dépassé les bornes » avec les dernières mesures de la BCE et qu’il fallait en rester là et ne pas suivre le chemin que pourrait prendre la Fed. Alors même que l’Allemagne entre en récession pour des raisons qui n’ont rien de conjoncturelles, faute d’avoir fait évoluer son modèle économique, et que le gouvernement reste figé dans ses dogmes. Prisonnier de ses démons, le pays entraîne avec lui toute l’Europe.
L’injection renouvelée de liquidités par les banques centrales est avec le gonflement de la dette une expression de la fuite en avant du système financier. Les deux semblent irrésistibles.