Les affaires ne se portent pas très bien, la croissance mondiale est à son plus bas niveau depuis 10 ans de 2,9% avertit l’OCDE en baissant ses prévisions tout en annonçant qu’elle pourrait recommencer.
L’Organisation conseille à ses membres de « limiter la dépendance à l’égard d’une politique monétaire sollicitée à l’excès » et de se décider à agir. Car une récession mondiale pourrait sinon survenir.
Mais le système est arrivé au bout du rouleau. La croissance reposait sur l’endettement et celui-ci a atteint de telles proportions, qu’il soit public ou privé, que poursuivre dans cette voie n’est plus envisageable. À force, la dette devient insoutenable et aucune garantie ne protège les investisseurs d’un défaut, puisqu’elle est utilisée comme collatéral à ce même usage.
Les banques centrales ont une fois de plus procuré un répit, leurs achats obligataires massifs pesant sur les taux jusqu’à les rendre négatifs, minorant la charge de la dette et desserrant les contraintes budgétaires. Permettant de s’endetter pour investir et jouer la relance afin d’accroître leurs ressources budgétaires et au final de retomber sur leurs pieds. Sauf s’il devait intervenir une hausse des taux qui serait dévastatrice, que seules les banques centrales peuvent empêcher en reprenant leurs achats obligataires et en gonflant à nouveau leur bilan.
Mais les effets positifs de leurs mesures sont désormais considérés moindres que leurs inconvénients, qui sont dénoncés. Il semble bien que cette voie soit sans issue. Une mise à plat s’impose donc, dont les acteurs du système financier, qui sont aux commandes, ne sont pas porteurs, et pour cause car elle ne leur serait pas favorable. Raison pour laquelle une solution miracle est recherchée. Et, l’habitude aidant, certains sonnent à la porte des banques centrales.
Un cas doit désormais être suivi de près, celui du gouvernement allemand qui tente de conjuguer rigueur budgétaire et déficit zéro avec le financement de la transition énergétique dont le coût est chiffré à 100 milliards d’euros d’ici à 2030. Et le « plan climat » qui vient d’être dévoilé par Angela Merkel manque d’entrée de jeu de crédibilité et d’ambition. Il adopte un prix de la tonne de CO2 très bas et additionne une pléiade de mesures sectorielles. Comment, dans ces conditions, les objectifs de réduction de gaz à effet de serre pourraient-ils être tenus, s’interrogent de nombreux experts et commentateurs allemands ? Quant aux écologistes, ils dénoncent « le manque de responsabilité morale » de la CDU et du SPD.
Changement de programme, ce n’est plus dans le sud de l’Europe que la contradiction entre les règles du pacte de croissance et de stabilité et les besoins d’investir pose problème, mais dans une Allemagne dont la croissance va connaître selon l’OCDE la plus forte baisse en Europe. L’industrie automobile y connait une crise structurelle qui déteint sur les autres secteurs de l’économie. L’automobile allemande et ses sous-traitants représentent deux millions d’emploi et ses ventes plus de 12 % du PIB et 20 % des exportations. Or, au cours des huit premiers mois de cette année, la production automobile a diminué de 12 % et les exportations de 14 %.
L’OCDE appuie ses prévisions sur les effets du Brexit, de la guerre commerciale et de la baisse de la croissance chinoise. La prochaine étape sera de prendre en compte les dysfonctionnements structurels du capitalisme.