De toutes les mesures de la réglementation financière, la règle Volcker a été celle qui a été la plus âprement disputée avant d’être finalement adoptée en 2010. Sa vocation était d’interdire les activités spéculatrices des banques sur fonds propres, et de renouer avec les principes du Glass-Steagall Act de 1933, abrogé sous Bill Clinton en 1999. À nouveau, l’incompatibilité entre les métiers de banque des dépôts et de banque d’investissement était en vigueur. Et ce n’était pas supportable de brider ainsi une activité financière si profitable… et risquée.
Les grandes banques d’affaires, dont Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley, n’ont eu depuis de cesse de revenir sur ses dispositions, prétextant leur grande complexité et coût d’application, et elles y sont parvenues à l’usure avec le soutien de l’administration Trump. Le chemin a été ouvert par la Fed quand elle en a exonéré les petites banques, et deux régulateurs, l’OCC (Office of the Comptroller of the Currency), la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) ont donné la suite en accordant le feu vert à des amendements qui sont jugés par leurs membres démocrates comme remettant en cause de fait le cœur de ses dispositions. Plus subtile qu’une simple abrogation, la réforme engagée vide la règle de sa substance en multipliant les exemptions à son application.
La Fed, la SEC (Securities and Exchange Commission) et la CFTC (Commodities Futures Trading Commission) devraient donner leur feu vert dans un proche avenir. L’adoption finale, qui ne requiert pas de vote du Congrès, ne fait pas de doute. « Les régulateurs de Trump continuent d’ouvrir la boîte de Pandore du trading à risque et de la spéculation aux dépens du contribuable américain », a déclaré le sénateur démocrate Sherrod Brown, membre de la Commission bancaire du Sénat.
Les grandes banques systémiques américaines sont en passe de remporter un grand succès dans leur lutte pour le démantèlement de la régulation financière.