Pour la vingt-et-unième fois consécutive, vendredi dernier, les foules algériennes sont descendues dans la rue à Alger et dans les grandes villes du pays. « Notre mouvement de protestation continuera ! » proclamaient certaines banderoles, d’autres continuant de marteler « nous voulons la démocratie et la liberté ! ».
Les spéculations sur l’essoufflement du mouvement ne trouvent toujours pas matière à justification. Recul du pouvoir, une personnalité de l’opposition a été élue mercredi dernier président de l’Assemblée nationale, un fait sans précédent dans l’histoire de l’Algérie. Slimane Chenine est passé directement des rues d’Alger, où il manifestait, au perchoir, un nouveau gage donné à la contestation. Il n’a pas eu d’effet sur la mobilisation, les manifestants ont continué à réclamer la démission du président par intérim, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre, Noureddine Bedoui, ces deux membres de la vieille garde toujours en fonction.
Tout au plus est-il ressenti au sein de l’opposition une inquiétude par rapport à l’impasse politique actuelle. Les divergences en son sein ont abouti à deux initiatives, mais la dernière en date, le Forum pour le dialogue national du 6 juillet dernier, qui était présentée par certains comme une tentative d’entamer un dialogue avec l’armée, a visiblement tourné court. Et son coordinateur, Abdelaziz Rahabi, tente maintenant de renouer avec le courant des forces démocratiques qui avait en premier réuni ses composantes, afin d’établir « des passerelles » entre les deux démarches.
« Il n’y a pas de divergences de fond entre l’initiative des forces de l’alternative démocratique et la nôtre. Elles réclament la mise en place d’institutions de transition et nous, nous privilégions une période pas trop longue dans laquelle le pouvoir s’engagerait à mettre en place des mesures d’apaisement avec un seul objectif : amener les Algériens à voter dans des meilleures conditions de régularité et de transparence ».
On croit comprendre que la tentative de trouver un terrain d’entente avec l’Armée a échouée, Abdelaziz Rahabi mettant en garde contre « la reproduction du fiasco de la présidentielle du 4 juillet dernier » en espérant qu’elle « en tirera les leçons », signe que cela n’a pas été le cas. Le forum avait mis des conditions préalables à toute avancée, dont la libération des prisonniers, C’était sans doute trop demander et prématuré.