Donald Trump ne se trompe pas de cible en visant Mario Draghi. Celui-ci en fin de mandat va rendre son tablier en octobre prochain, mais la BCE forte de ses antécédents est très attendue pour donner à nouveau un grand coup de main à des dirigeants européens impuissants, au prétexte de la faiblesse persistante de l’inflation. Avec comme conséquence de dévaluer l’euro par rapport au dollar.
L’indice des prix de la zone euro a plafonné à 1,2% en mai dernier et ne donne aucun signe d’atteindre la cible de 2% par valeur inférieure. Pour rester dans sa mission, la BCE voudrait officiellement y remédier, mais elle a en réalité comme objectif de susciter une relance qui est hors de portée, les dirigeants européens s’étant liés les mains en adoptant des contraintes impossibles à tenir de déficit et d’endettement dont Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, vient de demander la révision tout en affirmant vouloir les respecter. Olivier Blanchard, l’ancien chef économiste de la BCE, vient à cet égard de rejoindre le camp des francs-tireurs et des iconoclastes en réclamant également leur réexamen, ainsi que l’adoption d’un budget d’investissement de la zone euro conséquent.
Il est attendu de la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump, annoncée se tenir à l’occasion du sommet mondial des 28 et 29 juin à Osaka, un éclaircissement de l’affrontement sino-américain qui tarde à venir. Le président américain va-t-il passer à l’exécution de ses menaces réitérées et taxer à l’importation 325 milliards de dollars de nouveaux produits chinois, suscitant d’inévitables mesures de rétorsion ainsi qu’un approfondissement des effets mondiaux de sa guerre commerciale ? Ou un nouveau round de négociations affichant les meilleures intentions va-t-il être relancé, assorti pour le rendre crédible de premières mesures symboliques ?
Si ce devait être le cas, une relance des hostilités envers l’Union européenne pourrait en résulter par ricochet, Donald Trump réanimant ce front afin que la tension dont il a besoin ne se réduise pas. C’est en tout cas la tournure que prennent les choses, d’autant que la politique chinoise de Donald Trump suscite de fortes réactions négatives dans les milieux d’affaire américains.
Devant l’annonce des nouvelles mesures que la BCE pourrait prendre, dont Mario Draghi a énuméré le catalogue, le président américain lance l’accusation d’une manipulation de l’euro afin de faire chuter l’euro face au dollar. Il fait des dirigeants européens l’équivalent de terroristes en quelque sorte, si l’on adopte l’échelle des valeurs américaines où l’accusation est infamante. Le prétexte rêvé, une fois cette dévaluation concurrentielle attestée par le Trésor, pour lancer une contre-offensive virulente.
Celle-ci ne se limitera pas à la taxation des véhicules où à des sanctions contre le consortium Nord Stream 2. L’insuffisance des dépenses militaires au sein de l’OTAN et l’élargissement de l’ouverture du marché européen aux produits agricoles américains pourraient facilement ressurgir. L’ensemble ayant pour objectif inavoué de faire voler en éclats le front commun que les dirigeants européens sont jusque-là parvenus à maintenir et d’alimenter la campagne électorale de Donald Trump dans la perspective des élections présidentielles américaines.
Ambiance !
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