Les trois principaux fonds d’investissement américains, BlackRock, Vanguard et State street global advisors, sont en passe de disposer de 4 votes sur 10 au sein des principales entreprises de l’indice S&P 500. Telle est l’impressionnante conclusion d’une étude menée par la Harvard Business School.
Ensemble, ces trois fonds gèrent 14.000 milliards de dollars, une masse financière colossale mais en rapport avec celle des actifs financiers à l’échelle mondiale, qui ne cesse de croître et dont le volume est de plus en plus disproportionné d’avec celui de « l’économie réelle ». Et le poids des trois fonds au sein des entreprises ne va pas cesser d’augmenter. Qualifiés de Trois Grands, ils sont devenus les Trois Géants.
Cette étude va alimenter la réflexion déjà engagée sur le sujet. Notamment par le biais de l’affaiblissement de la concurrence qui pourrait résulter de cette concentration, un nombre très réduit d’investisseurs détenant des parts dans les entreprises qui comptent. La Commission commerce du ministère fédéral de la justice américain, ainsi que Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence de la Commission européenne, se sont déjà penchés sur le sujet. Mais n’est-il pas trop tard pour réagir ?
La réflexion s’inscrit dans le contexte de celles qui sont déjà engagées et qui visent les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), soupçonnés de positions dominantes, voire monopolistiques. Aux États-Unis, de nombreuses voix, démocrates et républicaines, appellent au démantèlement de ces géants, rappelant l’exemple lointain donné par Theodore Roosevelt avec la Standard Oil en 1911. C’est en particulier le cas de la sénatrice Elizabeth Warren, candidate à l’investiture démocrate pour les prochaines présidentielles, qui mène campagne pour qu’Amazon, Google et Facebook soient « cassés ». Le Département américain de la Justice s’est aussi mis de la partie.
Les dirigeants politiques s’inquièteraient-ils de voir les leviers leur manquer et les condamner à regarder passer les trains ? Ce serait à rapprocher de leurs timides tentatives d’améliorer leurs rentrées fiscales pour se donner des marges de manœuvre. Permettant de constater qu’ils ne dédaignent pas chevaucher la contradiction, préconisant par ailleurs la poursuite de la financiarisation de l’économie et de l’amoindrissement du rôle de l’État…