Qui aurait cru que la crise politique européenne atteindrait à ce point l’Allemagne et qu’elle connaitrait aussi vite un ralentissement économique marqué ?
Dans un tout récent sondage, les Verts devancent la CDU/CSU, tandis que la déroute électorale du SPD s’approfondit. Potentiellement, la Grande coalition ne dispose plus que de 37% des voix et n’a donc plus d’avenir. Il va falloir tôt ou tard s’atteler à la formation d’une collation Jamaïque, regroupant la CDU/CSU, le FDP et les Verts, mais Angela Merkel, sur le départ, n’aura plus la même autorité pour arrondir les angles. En toile de fond, les mauvaises nouvelles économiques tombent. La Bundesbank a révisé ses prévisions de croissance pour cette année, les baissant brutalement de 1,6% à 0,6%, et a annoncé qu’elle pourrait encore les revoir à la baisse.
Destatis, l’office fédéral de statistique, a constaté que la production industrielle a baissé de 1,9% en avril dernier ; il enregistre également un repli de l’excédent commercial pour ce même mois d’avril, qui chute d’un mois sur l’autre de 20 à 17 milliards d’euros. Ce qui s’explique par un accès de faiblesse des exportations, qui se sont repliées de 3,7 %.
Il faut naturellement y voir les effets du ralentissement mondial et de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Mais dans l’immédiat le Brexit a déjà pesé. Cela ne s’arrangera pas si Donald Trump taxe les importations de véhicules européens comme il le menace.
Tout cela sonne comme une atteinte au modèle de croissance fondé sur les exportations qui était présenté en Europe comme le nec le plus ultra. Aujourd’hui, l’économie allemande est fortement dépendante de ses mauvais résultats à l’export dans le contexte d’une guerre commerciale destinée à durer. Atteinte à son talon d’Achille, l’Allemagne n’est plus en mesure de présenter son modèle comme une panacée.
La fin des illusions… la seule question qui vaille est celle de la vitesse avec laquelle l’Allemagne tirera les leçons de cette situation. Est-ce qu’une coalition Jamaïque y arriverait? Rien n’est moins sûr.