Le Wall Street Journal et le Financial Times ne manquent pas une occasion d’épingler au fil de leurs éditions les facteurs de rebondissement de la crise qu’ils décèlent dans le retour de certaines pratiques ou produits, et plus généralement dans ce phénomène bien connu de la mémoire courte qu’ils observent dans le monde financier. Mais ce ne sont pas les seuls facteurs de rebondissement de la crise.
Chez les investisseurs l’inquiétude sévit désormais. Ils craignent plus particulièrement les effets de la guerre commerciale menée par Donald Trump, pouvant déjà en observer certains. Et, selon les économistes de JPMorgan, la probabilité d’une contraction de l’économie américaine est passée de 25 % à 40 % après la nouvelle salve de taxes douanières contre la Chine. Selon les analystes de Morgan Stanley, si les États-Unis passaient à l’acte en taxant à 25 % les 300 milliards de dollars de produits importés de Chine qui ne le sont pas encore, comme la menace en est faite, une récession mondiale pourrait intervenir. Récession, le grand mot qui fait peur est lâché. Et c’est eux qui le prononcent.
Pour Morgan Stanley, le marché boursier est passé d’une « phase d’expansion » à une « phase de contraction ». Ce changement de phase annonce « une détérioration des rendements financiers et signale une augmentation des risques de récession ».
Dans ce climat, les investisseurs mettent massivement leurs capitaux à l’abri par mesure de précaution et investissent dans les actifs les plus sûrs, en premier lieu la dette des États estimés solides. Par leurs achats, ils font monter la valeur des obligations et baisser leurs taux. Ce mécanisme aidant, le rendement allemand des titres à 10 ans est ainsi tombé à -0,211 %, son plus bas historique. Il faut payer pour mettre ses capitaux à l’abri, et les investisseurs n’y rechignent pas.
165 milliards de dollars de titres obligataires ou d’entreprises ont été achetés depuis le début de l’année, venant s’ajouter au stock mondial de la dette à taux négatifs de 9.300 milliards de dollars en mars dernier. La dette d’entreprise notée AAA connait en effet la même ferveur d’achats que les obligations souveraines, vu l’importance de la demande des investisseurs. En conséquence le rendement de ces obligations est devenu négatif pour des maturités allant jusqu’à 5 ans.
Autre éclairage: pour lutter contre l’appréciation de cette devise refuge par excellence que représente le franc suisse, la Banque centrale suisse (BNS) a encore baissé son taux de dépôt. Il est désormais à -0,75 %, le plus bas taux négatif pour une grande banque centrale.
Les analystes financiers, qui sont friands d’anticipations, ne peuvent ignorer le signal envoyé par les investisseurs. Mais quelle réponse les banques centrales vont-elles y apporter ? Dans l’immédiat, l’hypothèse d’une proche baisse des taux de la Fed d’ici la fin de l’année se précise fortement. De son côté, la BCE repousse la hausse de son taux au moins jusqu’à la fin de l’année. Elle lance pour les banques un nouveau programme de prêts massifs à deux ans et à taux bonifié (LTRO III), qui permettra entre autre à celles-ci de faire rouler les prêts précédents du LTRO II. Mais surtout l’hypothèse d’une reprise de ses achats obligataires interrompus en fin d’année dernière est clairement posée sur la table. L’arrêt progressif des mesures accommodantes n’est plus à l’ordre du jour, la BCE opère comme sa consœur américaine un revirement.
Les banques centrales ne pourront pas s’en tenir à ces mesures si les tendances récessionnistes apparaissent aux États-Unis et s’amplifient en Europe, préludes possibles à une récession mondiale. Mais leurs marges de manœuvre sont restreintes. Dans cette perspective, la Fed s’est lancée dans une séance d’introspection en passant en revue le contenu de sa boîte à outils. Elle s’interroge sur sa mission de maximisation de l’emploi qui ne prend pas en compte sa qualité.D’après le fonds d’investissement BlackRock, des nouveautés significatives pourraient intervenir tôt l’année prochaine dans ce domaine, car les investisseurs attendent de la Fed qu’elle fasse le nécessaire pour faire rempart à une récession.
« D’après le fonds d’investissement BlackRock, des nouveautés significatives pourraient intervenir tôt l’année prochaine dans ce domaine, »
Comme des prêts versés directement aux consommateurs sans intérêt ? De 10 000 à 1 000 000 dollars par foyers par exemple remboursable sur 25 ans. Histoire de donner un bon coup de fouet à la consommation et aux désendettement à intérêt des étudiants. On vit une époque merveilleuse et étonnante.
Bon l’addition physique serait en rapport bien entendu, et elle fera faire mal.