Le général Ahmed Gaïd Salah a, s’il en était encore besoin, fait la démonstration de sa force en faisant traduire devant une juridiction militaire Saïd Bouteflika, le frère de l’ancien président, et les deux ex patrons des tout-puissants services de renseignement. Il s’est appuyé sur un article du Code de la justice militaire ainsi que sur le code pénal. Pour faire bonne mesure, Abdelhamid Melzi – l’ancien directeur général de la Résidence d’État du Club des pins et de Moretti depuis sa démission du mois dernier – a été présenté hier au parquet d’Alger après avoir été démis de fonctions qu’il assumait depuis une vingtaine d’années au profit de la nomenklatura algérienne.
Campant sur ses positions et décidé à garder l’initiative, le chef d’État-major a devant lui le mois du Ramadan auquel les manifestants se préparent activement. Jusqu’à maintenant, le mouvement était rythmé par la manifestation des étudiants du mardi et la marche du vendredi. Obéissant à de multiples impulsions estudiantines et syndicales, il tend à devenir permanent avant de confluer dans la marche du vendredi, rendant hasardeux de spéculer sur son affaiblissement. Le chef d’État-major et le mouvement arrivent tous deux à un point de non-retour.
Au sein de ce dernier, le débat reste foisonnant entre tous ceux qui aspirent jouer un rôle dans le futur sans pour autant leur donner prise sur les événements. Rien de tangible n’est encore apparu à propos de la tenue des présidentielles du 4 juillet, dont la date a été encore maintenue dimanche dernier par Abdelkader Bensalah le président par intérim. Va-t-il falloir repousser cette échéance ? L’hypothèse d’une candidature d’Ahmed Gaïd Salah lui-même n’est pour l’instant pas apparue, mais peut-il a contrario être attendu une candidature qui satisferait par défaut le mouvement ?
Ces questions ne peuvent pas être longtemps laissées sans réponse.