Une nouvelle intervention du chef d’État-major est attendue dans la journée, et les hypothèses ne manquent pas sur ce qui va en sortir, qui restent à vérifier.
Le report des élections présidentielles, prévues pour le 4 juillet, pourrait en premier lieu être annoncé, au prétexte de la difficulté matérielle de les organiser en si peu de temps. Une nouvelle formule de dialogue avec les forces politiques pourrait parallèlement émerger, qui disposerait du temps nécessaire.
On dit aussi à Alger que le président par intérim Abdelkader Bensalah pourrait annoncer sa démission du Conseil constitutionnel, une fois sa mission accomplie. Resterait en place un Premier ministre conspué et absent, expédiant les affaires courantes.
Les choses ne peuvent pas s’arrêter à l’arrestation du frère de Bouteflika et des anciennes têtes du renseignement. Le hiatus est trop grand entre la force du mouvement et les concessions qui lui sont finalement accordées. Par-delà les têtes qui sont réclamées, c’est le démantèlement du système qui est revendiqué. Et celle d’Ahmed Gaïd Salah, l’homme fort du moment, est de moins en moins épargnée. Seule l’armée bénéficie d’un statut à part, en reconnaissance du rôle dans la suite du processus qui lui est reconnu.
La jeune génération ne veut plus d’un système parasitaire qui accapare une partie important de la rente pétrolière au détriment du développement économique du pays. Il ne s’agit pas uniquement de corruption et de détournement de fonds. Elle ne réclame plus des visas, comme du temps de la visite de Jacques Chirac, sachant qu’elle ne les obtiendra pas et qu’il ne lui restera plus qu’à tenter sa chance en employant de dangereux moyens de fortune pour rejoindre les rivages européens, pour y être ensuite très mal traitée dans le meilleur des cas. La seule solution est d’entreprendre une construction qui n’a été que partiellement entreprise depuis l’Indépendance. Et pour cela de faire sauter le bouchon que représente le système à la faveur d’une transition.
Quand on observe les images des assemblées de militaires convoqués dans leurs casernes pour écouter les messages distillés par leur chef d’État-major semaine après semaine, que voit-on sinon une armée d’officiers installés en battle-dress dans de confortables fauteuils, toute expression bannie de leur visage, certainement pas la vision d’une armée de bâtisseurs. Il faut les mettre au travail, cesser de détourner des sommes pour les investir dans la production et créer à leur intention un service civil, prélude à une réintégration dans la société qui aurait dû être depuis longtemps réalisée.
Et la démocratie, dont il est réclamé l’instauration, ne devra pas s’arrêter aux portes des entreprises, le pays renouant avec l’ébauche d’un système autogestionnaire qui avait vite tourné court aux lendemains de l’Indépendance.