Le rendez-vous du vendredi a été honoré. Pour la huitième fois, les rues des principales villes algériennes ont été envahies par une immense foule qui ne démord pas de ses exigences.
Ahmed Gaïd Salah a eu beau dénoncer les slogans « irréalistes » et promettre que l’armée allait garantir « la transparence et l’intégrité » de l’élection présidentielle du 4 juillet prochain, rien n’y a fait. Chargé de gérer l’intérim, le président du Sénat Abdelkader Bensalah est désormais la principale cible des manifestants dont le mot d’ordre reste « ils partiront tous ! ».
Devant l’impossibilité d’empêcher les manifestations, l’objectif était les faire apparaître s’essoufflant. La mise en place de barrages filtrants pour empêcher l’accès à Alger, l’utilisation de canons à eau afin de disloquer les cortèges, ou l’occupation par des forces de police du parvis de la Grande Poste, place symbolique de la contestation, ont visé à changer la nature de la mobilisation faute de pouvoir l’empêcher. Pour la première fois, ces interventions policières ont tendu la situation et suscité des affrontements.
Il reste quatre-vingt-dix jours avant le scrutin, selon la Constitution. Si la mobilisation actuelle se maintient, comment l’organiser ? Comment tenir une élection destinée à assurer la prééminence du système dans une telle situation ? Les premières mesures d’intimidation ne portant pas leurs fruits, une escalade pourra être tentée. À moins qu’à nouveau, après avoir lâché Abdelaziz Bouteflika, l’État-major de l’armée ajuste ou abandonne son dispositif. Mais la contradiction entre les tenants du système et ceux qui exigent sa disparition n’aura pas disparu pour autant, s’inscrivant dans une dynamique d’affrontement.