Il faut bien qu’il y en ait un pour ruer dans les brancards, mais quel dommage que ce soit Matteo Salvini ! Le leader de la Ligue qui se sent pousser des ailes s’est en effet attaqué à l’un des grands dogmes de la doctrine économique : l’indépendance des banques centrales.
« L’or est la propriété du peuple italien et de personne d’autre » a-t-il proclamé en référence aux 2.452 tonnes d’or que la Banque d’Italie tenait dans ses comptes fin du troisième trimestre de l’année dernière et sur lesquelles il est soupçonné d’avoir des vues. Excusez du peu, elles représentent la troisième réserve mondiale après celles des États-Unis et de l’Allemagne.
Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement des 5 étoiles, avait déjà abordé la question, réfutant l’idée qu’ « il n’y avait pas d’argent » lors des débats budgétaires de l’automne dernier avec Bruxelles et suggérant de vendre du métal jaune.
Les médias italiens se sont maintenant emparés du sujet et multiplient les spéculations, y voyant un moyen pour le gouvernement de financer des promesses de la Ligue et du Mouvement des 5 étoiles, considérablement réduites afin de passer en fin d’année dernière le cap de l’examen du budget par la Commission. Et, comme Matteo Salvini venait juste de mettre en cause la direction de la Banque d’Italie et de réclamer son changement, tout s’enchaînait à merveille. Pour le ministre, celle-ci est fautive de ne pas avoir su empêcher la crise du système bancaire italien, au cours de laquelle les petits investisseurs italiens à tort confiants dans leur banque ont perdu leur culotte.
Nous ne sommes qu’au début de l’année, et l’on se demande déjà comment se fera l’atterrissage 2019 et comment sera bâti le budget 2020, l’Italie étant entrée en récession. En fermant les yeux devant l’invraisemblance des prévisions, la Commission a cette fois-ci gagné du temps, mais on la voit mal recommencer…
Que va alors peser l’indépendance de la Banque d’Italie, ce maillon de l’eurosystème assis sur son tas d’or ?