Jusqu’où la recomposition politique en cours en Espagne ira-t-elle ? La vie du gouvernement très minoritaire du PSOE est suspendue à l’adoption du budget par les indépendantistes catalans, mais le compromis entre eux qui en serait la clé ne se fait pas.
Sauf retournement de dernière minute, Pedro Sanchez va devoir choisir entre convoquer des élections ou gouverner par décrets jusqu’à la fin de la législature en 2020. Face à lui, la droite et l’extrême-droite font cause commune et réclament sa démission et la tenue d’élections immédiates. Un premier signal de ce rapprochement a été donné en Andalousie, en décembre dernier, où elles se sont entendues pour gérer ensemble une région historiquement socialiste. Et, lors de la manifestation d’hier à Madrid, le Parti Populaire, Ciudadanos et Vox (extrême-droite) ont sans gêne partagé la même tribune.
Au sein du PSOE, certains préconisent la convocation d’élections, avec l’espoir de bénéficier du coup de barre à droite de l’opposition et de les gagner au centre. Mais ce calcul est très risqué et le relatif succès numérique de la manifestation de dimanche pourrait se révéler trompeur. Pablo Iglesias, le leader de Podemos, a d’ailleurs mis en garde contre la montée dans les profondeurs de la société espagnole de la « contre révolution réactionnaire » qui n’en a jamais fini.
À la revendication d’un referendum d’autodétermination des indépendantistes, la droite rassemblée oppose la défense de « l’Espagne unie », ne laissant pas de marge de manœuvre au PSOE. À la différence de son homologue portugais qui a augmenté les retraites et le salaire minimum, celui-ci ne peut prétendre obtenir le ralliement des indépendantistes en augmentant les investissements en Catalogne. D’autant que le procès pour rébellion et détournement de fonds des leaders catalans qui va s’ouvrir demain est parti pour durer de long mois et s’installer dans le paysage, avec le risque de lourdes condamnations à son terme.