« Nous sommes pris en tenaille entre une croissance qui ralentit et des inégalités qui sont de plus en plus insupportables » avait hier mis en garde Bruno Le Maire lors des « Rendez-vous de Bercy ». Il a poursuivi en alertant de la « croissance capitalistique excessive », pointant particulièrement le doigt sur les Gafam tout à sa campagne en faveur de leur taxation.
« La concentration capitalistique de certaines entreprises peut conduire à leur domination politique », a-t-il estimé. Selon le ministre, particulièrement en verve, ceux-ci sont « les dépositaires de la volonté générale, là où les entreprises ne sont que les dépositaires de la volonté de leurs actionnaires ». Bien qu’ayant été décevant lorsqu’il n’en a tiré comme conclusion que la nécessité de « rétablir un équilibre de puissance ».
S’efforçant de promouvoir une réflexion au niveau du G7 que la France présidera cet été, sur le mode du Grand débat organisé dans l’hexagone, Bruno Le Maire a annoncé que cette concentration sera l’un des quatre sujets du prochain sommet avec la réduction des inégalités au sein des pays développés, la lutte contre l’évasion fiscale, et la mise au point de « règles d’investissement communes aux grandes nations ». Encore de grandes déclarations qui s’annoncent.
Confronté à l’hydre du « populisme », la crise politique malmène et effraye les autorités qui ne se sentent nulle part à l’abri. Elles cherchent des marges de manœuvre financières pour que les bonnes intentions qu’elles affichent dépassent ce stade. Donald Trump n’a pas pratiqué autrement, mais les Européens se sont eux-mêmes corsetés avec la politique budgétaire inscrite dans leurs traités.
Plus généralement, c’est la capacité du capitalisme à se réformer dont il est question. La régulation financière a mis dix ans à être adoptée pour montrer que son cœur était en priorité protégé. La messe est dite ! Les moyens que les autorités vont pouvoir dégager s’avèreront marginaux. Et surtout, les mécanismes qui génèrent les inégalités resteront intouchés. Parlant d’assistance – cette notion méprisante que les nantis réservent aux démunis – c’est le capitalisme qui en est dorénavant pourvu via les banques centrales. Celles-ci n’ont pas fini d’innover dans le contexte déflationniste actuel et ne se désengagent pas comme annoncé, alors que les sombres prévisions économiques s’accumulent de partout.
Les mastodontes de l’économie numérique sont dans le collimateur, en raison de l’optimisation fiscale qu’ils pratiquent à grande échelle et de leur concentration. Mais c’est toute l’activité économique et financière de la planète qui est aujourd’hui dominée par un nombre très restreint d’acteurs. En ce sens, la remarque de Bruno Le Maire prend un sens qu’il ne lui a pas donné. Les États, et les gouvernements qui les gèrent, sont de plus en plus dessaisis du pouvoir réel.
Un quotidien du soir titrait hier « la mondialisation à l’heure des doutes » à propos de Davos. Mais ceux-ci vont bien au-delà. Que ce Forum ait perdu son rôle de vigie a une autre portée : les alertes sont désormais vaines car dépassées. Et la crise politique a été la crise de trop.
Pendant que M Le Maire faisait son numéro de pom-pom girl en parlant de gouvernements dépositaires de la volonté générale, son chef de service déroulait le tapis rouge au palais de Versailles à tous les évadés fiscaux de la planète…
Ces gens-là sont devenus littéralement inaudibles !
Le glabre ministre au visage d’évêque fait mine de s’énerver aux approches des élections.
Qui peut encore être dupe d’une pareille comédie.
Sont en faillite.
« Les États, et les gouvernements qui les gèrent, sont de plus en plus dessaisis du pouvoir réel. »
Cette affirmation participe de la guerre idéologique du discours dominant.
« Les États, et les gouvernements qui les gèrent » se sont passés « des menottes en plastique ».
Ils les arborent ostensiblement pour détourner la colère légitime de leurs administrés.
Ce sont eux et personne d’autres qui dérégulent à tour de bras depuis quarante ans. Ce sont bien eux qui ont ce pouvoir.
Le Maire que j’avais entendu dire à la radio il n’y a pas si longtemps quelque chose comme ça : les privatisations c’est bien, car il faut laisser les actionnaires qui savent gérer les entreprises alors que les autres ne le savent pas… Comment dire : ce monsieur est soit d’une bêtise crasse, soit d’une belle hypocrisie dotée d’un fond de malhonnetete au moins intellectuelle. Je penche pour le second. Il a une carrière à mener comme son ami Moscovici….