Une forte volatilité continue de secouer Wall Street. Bien que relativisée par le faible volume des opérations en cette période, elle conduit une fois de plus les analystes à s’interroger sur ce qui ne va pas du tout. La prudence manifestée par la Fed les rassurent car, dans une période de resserrement monétaire d’une ampleur inégalée, les décisions pourraient avoir des conséquences disproportionnées disent-ils. Les erreurs coûtent plus cher que ce qu’apportent en gains les bonnes décisions racontent les vieux traders quand ils se remémorent leur passé.
Les dirigeants chinois annoncent de nouvelles mesures destinées à montrer leur bonne volonté – abaissement des droits de douane, augmentation des achats, dispositions sur la propriété intellectuelle – mais rien ne permet d’en conclure que, d’ici la fin mars lorsque se terminera la suspension d’un train d’augmentation des droits de douane américains, un accord pourra être trouvé. Une conclusion si rapide est peu probable en raison de l’énormité des enjeux.
Un nouveau sujet d’inquiétude est apparu : la dette des entreprises. La crise de l’endettement se déplace et ne menace plus le secteur du crédit hypothécaire, ou même celui des titres souverains émis par les pays émergents. Certes, le crédit automobile et les prêts étudiants atteignent des niveaux inquiétants, mais les volumes financiers correspondants ne sont pas de la même ampleur. Aujourd’hui, les analystes surveillent le marché des CLO – des instruments structurés – lorsqu’ils sont adossés à des titres de créances d’entreprise.
Dans un environnement de faibles taux d’intérêt, la recherche du rendement a suscité un fort intérêt des investisseurs pour ces instruments financiers. Car si les émissions obligataires des entreprises ont cessé de progresser, celle de ces CLO a pris le relais.
Ils partagent des similitudes avec les titres adossés à des créances hypothécaires qui ont ouvert la voie à la crise des subprimes il y a dix ans. Les banques éliminant les risques de leurs bilans, cela a entraîné une augmentation importante des prêts de faible qualité. Et non seulement la qualité des emprunteurs faiblit, mais les clauses destinées à réduire les risques de défaut sont allégées.
Un tel engrenage pourrait se révéler d’autant plus redoutable que le marché des CLO est vulnérable, ses principaux acteurs étant des institutions bancaires peu réglementées. Ce qui renvoie aux préoccupations concernant le shadow banking, soulignant à la fois son importance croissante et l’opacité de ses liens avec le secteur financier régulé.
Dernière similitude et non des moindres, l’appétit accru des investisseurs européens pour ces CLO a entraîné une augmentation de leurs émissions, tandis que les banques japonaises, à la recherche de rendements plus élevés, sont venus sur ce marché au départ américain. Si une crise devait survenir dans ce secteur, son caractère systémique est désormais garanti !
Oui, c’est le crédit aux entreprises qui va prendre du plomb dans l’aile et dans un premier temps on va accuser les gilets jaunes avant de devoir constater que dans d’autres pays, sans barrages et sans gilets, c’est les mêmes volatiles qui tombent.
Allez savoir pourquoi ? Ben, le défaut consommation pardi… décroissance oblige.