Rien, tout au contraire, n’annonce un déblocage de la politique budgétaire européenne dans les temps à venir. Et les autorités allemandes entrainent leur pays tout entier dans des dogmes devenus des diktats. L’Europe doit selon elles opérer son désendettement à la force du poignet, pays par pays, en prenant l’Allemagne pour exemple, on connait la chanson. Quand bien même son modèle reposant sur l’exportation est menacé par Donald Trump et qu’en tout état de cause tout le monde ne peut pas être exportateur net à la fois.
Si l’on veut se convaincre de leur rigidité sans faille, la décision de la Cour européenne de Justice (ECJ) déboutant les plaignants allemands cherchant la condamnation du programme OMT d’achats de titres souverains de la BCE vient à point nommé. Plus que leur plainte initiale, l’éditorial du Frankfurter Allgemeine Zeitung qui en rend compte témoigne de cette obstination en exprimant le souhait illusoire que la Cour constitutionnelle allemande ne suivra pas le jugement de l’ECJ.
Ces mêmes autorités sont soucieuses envers et contre tout de pérenniser leur politique et cherchent pour ce faire les moyens de l’imposer. Dans un premier temps, elles avaient imaginé transférer au Mécanisme européen de stabilité, devenu une sorte de FMI européen, la responsabilité confiée à la Commission de contrôle des budgets nationaux afin de vérifier leur conformité avec les règles. Cela a été enterré mais pourrait ressurgir. Les rumeurs circulant à propos d’Angela Merkel allant briguer la présidence de cette dernière – déjà abondamment pourvue de responsables allemands – se sont répandues. Comme si la solution était tout simplement d’en prendre le contrôle. On en est là.
Les lignes vont devoir bouger à la faveur de l’examen du budget italien. Toutes les possibilités d’assouplissement ayant été épuisées lors des épisodes précédents, lorsque Matteo Renzi était aux commandes, il va dorénavant falloir inventer… Et comme il est hors de question de toucher à des chiffres symboliques, comme le taux de 3% du PIB pour le déficit, il ne reste plus qu’à modifier son calcul. Mais les marges de manœuvre sont aussi étroites côté italien que coté Commission.
Les épisodes de la crise politique allemande qui prend son temps s’enchainent sans que l’on puisse donner d’espérance de vie à la Grande coalition. L’implosion se fait à petit feu. Les multiples consultations régionales qui s’annoncent vont lui donner un grain à moudre supplémentaire. Mais un phénomène qui ne va pas dans le sens de l’assouplissement est à l’œuvre : à force de décrire l’Allemagne comme étant entourée par de mauvais européens irresponsables, la construction européenne ne sort pas grandie dans l’opinion publique allemande. En pleine progression, l’AfD y trouve un point d’appui dans sa campagne contre l’euro. Comment une coalition « Jamaïque » regroupant les libéraux et les verts avec la CDU-CSU, appelée à succéder à la Grande coalition, pourrait-elle inverser la vapeur dans un contexte général de coup de barre à droite et de montée de la xénophobie ?
Peut-on risquer l’hypothèse qu’une mainmise allemande sur la Commission, Angela Merkel à sa tête ou non, mettrait les autorités du pays dans la position d’assouplir leur pensée dogmatique, sauf à mettre en cause la monnaie unique et plus encore ?
Ne pensez-vous pas que L’Allemagne finira par sortir de l’euro car trop de déséquilibres économiques, financiers et culturels la sépare des pays du sud qui risquent un retournement politique et économique si la récession pointe de nouveau son nez sans parler d’une possible crise financière plus grave que celle de 2007/2008 ?
C’est bien entendu une hypothèse, mais elle aurait comme conséquence de pénaliser les exportations en raison du remplacement de l’euro par un nouveau deutschemark.
Jeu de domino, l’Allemagne sort de l’euro, et après ? Qui reste et pourquoi faire ? Et la mécanique bien huilée de l’économie allemande, là où son énorme excédent commercial est un atout, deviendra un handicap dans l’interland européen. Comment faire tourner cette énorme machine si tout à coup une partie des débouchés venaient à se tasser ? Sûr qu’un Trump serait content en contrant l’un des grands concurrents avec la Chine. Et dans tout ça, comment s’articuleraient l’ensemble des institutions européennes ? Bref, un enchaînement tout à fait imprévisible…..
» assouplir « …. mais comment?
Le point de vue (un peu trop long) d’une personnalité compétente soufflant généralement le chaud, parfois le tiède.. (disons… « orthodoxe légèrement modéré »..!..) :
https://www.telos-eu.com/fr/limpossible-equation-italienne.html
Extrait:
… » Après avoir défié Bruxelles en affirmant que la politique italienne se faisait à Rome. Di Maio l’a répété, le gouvernement ne reculera pas face aux marchés, il ne sera pas victime des spreads. Pour un pays dont la dette représente 132% du PIB, une dette dont la maturité moyenne est de 7 ans et le coût moyen aujourd’hui est de 2,8%, une hausse des taux serait mortelle. Rappelons qu’en 2011 le taux de l’obligation à 10 ans avait atteint 7% net, et qu’il était à 3,44% le 27 septembre dernier ! Plus redoutable que le pouvoir de sanction éventuelle de Bruxelles est la surveillance de fait de la politique budgétaire de Rome par les marchés.
Peut-on pour autant rester spectateurs ? Comment concilier désir légitime d’une nouvelle majorité d’infléchir le cours de la politique économique et engagements européens ? La réponse apportée à cette question dans nombre de travaux récents consiste à desserrer l’obligation de solidarité entre membres de l’Eurozone et pays revendiquant une plus grande autonomie budgétaire. La solution passe par l’organisation d’un régime de restructuration de dette en cas de problème de solvabilité et/ou d’un régime de répression financière qui d’une manière ou d’une autre dirige l’épargne italienne vers des emprunteurs italiens « ….