Une crise politique profonde continue de couver en Allemagne. Le quatrième mandat d’Angela Merkel, qui sera le dernier, n’est pas parti pour ressembler aux précédents. Il devient secondaire de spéculer sur ses marges de manœuvre, la chancelière préférant dorénavant substituer aux compromis européens l’affirmation prioritaire des intérêts allemands devant l’agression de Donald Trump. Raison pour laquelle elle entend monter en puissance à Bruxelles afin de tout verrouiller.
Le paysage politique allemand vire à droite et rendrait aujourd’hui impossible la formation habituelle d’une grande coalition réunissant la CDU-CSU et le SPD. Ce dernier, qui ne cesse de perdre du terrain, est désormais devancé dans un sondage par l’AfD d’extrême droite, qui recueillerait 17 % des intentions de vote tandis que le SPD n’atteindrait que 16%. La CDU-CSU reste en tête avec 28,5% des intentions de vote, mais le compte n’y est plus.
La constitution du gouvernement actuel n’ayant pas été de tout repos, le ministre de l’intérieur membre de la CSU, Horst Seehofer, a très rapidement failli en démissionner et tout remettre en question en engageant un bras de fer avec Angela Merkel à propos des réfugiés, qui s’est soldé par un compromis. Il prend à nouveau ses distances, dans l’espoir que son parti conservera la majorité absolue aux élections bavaroises du 14 octobre prochain et résistera à la montée de l’AfD.
« La question migratoire est la mère de tous les problèmes dans ce pays », a-t-il proclamé de manière provocatrice à la suite des évènements de Chemnitz. Cette ville de la Saxe a été le théâtre de multiples manifestations à l’appel de l’extrême-droite, à la suite d’un homicide pour lequel deux demandeurs d’asile ont été placés en détention provisoire et un autre recherché. La chancelière a dénoncé « les chasses collectives » et « la haine dans la rue » qu’elles ont occasionnées. Mais elle a été contredite par le chef du gouvernement régional de Saxe, Michael Kretschmer, membre de son propre parti, qui a attribué ces débordements à des extrémistes isolés pour en disculper les autres manifestants. Angela Merkel est sur la défensive. En Allemagne, le débat politique tourne en priorité autour de l’attitude à adopter vis-à-vis des réfugiés, et ce n’est pas fini.
Une autre initiative est venue le confirmer. Une dirigeante de Die Linke, Sahra Wagenknecht, vient de lancer Aufstehen ! (Dressez-vous !), un mouvement qui ne veut pas laisser l’AfD chasser sur les terres fertiles de l’ancienne RDA et du SPD. Elle entend trancher avec la « naïveté » de la gauche en matière d’immigration, qu’elle dénonce, avec pour objectif de ramener dans le giron de la gauche les « laissés pour compte », et pour cela d’aller les chercher sur leur terrain où ils sont égarés, non sans ambiguïté. Une démarche douteuse dont le succès est loin d’être garanti, portée par une talentueuse débatteuse qui n’hésite pas à défendre Vladimir Poutine où à exprimer une nostalgie vis-à-vis de l’ancienne RDA, toujours pour les mêmes raisons.
Dernière minute : Un jeune allemand venant de mourir des suites d’une bagarre avec deux réfugiés afghans dans la ville de Köthen, en Saxe (ex-RDA), l’extrême droite a appelé à une manifestation et la gauche radicale à contre manifester ce soir.
Effectivement au tour de l’Allemagne. Faut dire que, à la lecture de l’article qui était paru dans le Monde diplomatique il y a quelques mois, le marché du travail n’est pas folichon (un pourcentage très élevé de travailleurs pauvres, avec un système de petits jobs a la petite semaine, avec en arrière fond un morale protestante du travail certainement très dure pour les personnes en difficulté), et y compris le déséquilibre hommes/femmes, si on en croit les analyses de Dominique Meda sur le sujet….alors oui, l’immigration devient la cible facile, du gâteau pour cette droite, et l’hypocrisie des autres camps ne fait qu’empirer le sujet….le symptôme devrait inciter se pencher sur les causes……