La crise est désormais globale. De financière, elle est successivement devenue économique, puis sociale et politique. Aujourd’hui, elle prend également les traits d’une guerre commerciale mondiale, comprenant des offensives sur le terrain monétaire.
Les interrogations se multiplient, les prévisions sont illusoires, une forte dynamique s’exerce. Et d’une certaine manière nous nous y sommes faits. La fin des idéologies n’avait-elle pas été prédite pour que ne soit conservée que celle qui défend les avantages acquis des nantis ?
En ne s’en tenant qu’à évaluer la portée réelle des mesures de régulation financières et à estimer la stabilité d’un système financier qui ne s’est que très marginalement amendé, on fait fausse route faute d’appréhender la crise dans toutes ses dimensions.
Tout autant que son instabilité structurelle, contenue par les banques centrales, l’accroissement des inégalités et de la précarité qu’il génère sont à l’origine de phénomènes politiques perturbants, exprimant le chauvinisme, la xénophobie et le racisme. Qui peut prétendre maîtriser ce monde qui part dans tous les sens ?
Le capitalisme est incapable de faire face aux turpitudes les plus menaçantes, dont l’origine n’est plus divine ou naturelle, mais résulte de l’activité humaine telle qu’il l’a encadré. Présenté comme « fin de l’Histoire », il pourrait bien se révéler l’être effectivement, ainsi que celle de l’espèce humaine par la même occasion.
Les effets climatiques, la dégradation de l’environnement, et l’épuisement des ressources de la planète s’imposent à l’esprit. Mais il faut y ajouter certaines redoutables pandémies mondiales comme celle du diabète. Il y a tout du Docteur Folamour dans ce tableau où la guerre nucléaire n’était qu’un précurseur. Aujourd’hui, George Orwell est omniprésent, en raison de la nature de la société qui se mitonne.
Dans un tel contexte, le partage et la solidarité ne sont plus des valeurs communes. La question centrale est de se prémunir de tous ces dangers, quitte à ce que cela soit illusoire. L’avenir n’est pas riant et ce que le futur réserve est sombre, alimentant une angoisse en sous-main qui ne se dément pas. À l’occasion, c’est le terreau fertile des théories complotistes et des visions transhumanistes. L’homme hybride, génétiquement modifié ou avantageusement remplacé par une machine est le rêve qui nous est proposé pour nous projeter dans un avenir prometteur, au nom de la performance !
D’où pourrait revenir l’espoir ? Le XX ème siècle a été celui des désillusions et il y en a eu beaucoup. La Révolution était attendue en Allemagne, elle eut lieu en Russie, non sans conséquence quant au « socialisme » qui y fut édifié, un repoussoir au lieu d’être un phare. Tous ceux qui s’en réclamèrent en payèrent tôt ou tard le prix, représentant en fin de parcours une espèce en voie de disparition. Suivis par les frères ennemis sociaux-démocrates, qui se sont reniés en se ralliant sans le moindre panache au néolibéralisme. Que reste-il des foisonnements politiques des siècles précédents passés, si ce n’est un champ de décombres ? La seule utopie persistante est celle qui prétend faire repartir la machine capitaliste comme avant, comme si de rien n’était, un paradoxe.
Quant au nouveau paradigme qui se dessine via les aspirations diffuses minoritaires mais persistantes qui se manifestent, il apparait comme irréalisable tellement il est éloigné de ce que nous vivons, les consciences ayant été forgées par l’idée absurde que « il n’y a pas d’alternative ».
L’émergence d’une telle alternative avec suffisamment de force pour qu’elle soit convaincante – et entrainante – va prendre du temps. En disposons-nous ?
Pour rajouter à l’ambiance guillerette de ce billet, une émission d’une quarantaine de minutes Comment rendre crédible la catastrophe écologique ?
https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/du-grain-a-moudre-du-jeudi-06-septembre-2018
Avec une phrase géniale qui peut également s’appliquer à nos institutions politiques, qu’elles soient nationales ou européennes : « nous savons ce qui va se passer, mais nous ne le croyons pas ».
Très bonne émission. Pour être raccord avec l’actualité, la manifestation du 8 septembre « pour le climat » vue à Paris, sympathique, positive, beaucoup de jeunes et de femmes (peut-être majoritaires), mais (Il s’agit d’une intuition par l’observation) très contenue dans un certain milieu social, disons pas très populaire. On perçoit qu »en l’état, il s’agit d’un enjeu qui n’est pas prioritaire pour les plus modestes. On perçoit une certaine déconnexion politique et sociale. D’accord avec Jade (dans l’emission le grain à moudre) qu’une politisation des enjeux écologiques est incontournable et cruciale, sinon sera contreproductif et au contraire servira de sujet permettant de détourner l’attention des enjeux politiques – instrumentalisation qui a largement cours en ce moment …..
Phrase géniale en effet, alors qu »on est plutot habitué à douter des croyances, en recherchant le savoir…..là on est totalement pris à revers…..
Non.
François Leclerc dans une veine réaliste :
Le passé ?
Nous avons vécu sur des illusions. Un monde rempli de bruits et de fureurs.
L’avenir ?
Encore indéterminé. Tout laisse penser qu’il sera comme le passé. Si le temps nous est bienveillant.
Le Passé me révulse, le Présent m’écœure, le Futur m’angoisse…
Il me semble qu’il existe une troisième voie, celle qui repose sur les analyses et réflexions que ce Blog met en valeur et qui dessinent et proposent d’autres horizons, d’autres solutions que les issues de secours et alarmes incendie.
F.L. : « Quant au nouveau paradigme qui se dessine via les aspirations diffuses minoritaires mais persistantes qui se manifestent, il apparait comme irréalisable tellement il est éloigné de ce que nous vivons, les consciences ayant été forgées par l’idée absurde que « il n’y a pas d’alternative » « .
Surtout quand on voit resurgir des anciennes « valeurs sûres »…Bien entendu.. « là où il n’y a pas de honte on peut trouver quelque plaisir.. » :
http://www.dagelijksestandaard.nl/2018/09/genant-voor-asscher-ex-minister-dijsselbloem-verlaat-zinkend-pvda-schip-en-wordt-lid-van-macrons-partij-en-marche/
En attendant, l’U€ est toujours égale à elle-même, et, non, toutes les expérience socialistes ne sont pas mortes. . .
https://germinallejournal.jimdo.com/2018/08/22/une-r%C3%A9forme-agraire-durable-d-inspiration-cubaine-pour-contrer-l-aleca-destruction-programm%C3%A9e-de-l-agriculture-tunisienne-par-l-union-europ%C3%A9enne/
…/… On peut inscrire au cœur de toutes ces revendications et attentes des petits paysans tunisiens les incontestables avancées de l’agroécologie cubaine : Cuba est un pays socialiste qui depuis les années 90 fournit aux travailleurs de la terre les moyens d’une alphabétisation conséquente et l’aide d’une science agronomique avancée, véritable alternative à l’agriculture intensive, appuyée par des savants et techniciens au fait des caractéristiques pédologiques et climatiques du pays (3).
L’agroécologie cubaine ne se borne pas à « aider » les paysans dans cette transition agroécologique, seule politique à même d’assurer la sécurité alimentaire des habitants et conséquemment l’indépendance nationale vis-à-vis de l’impérialisme et de son agrobuziness : elle permet encore aux paysans de revenir à ses savoir-faire traditionnels et surtout ses semences endémiques, adaptées aux climats locaux et peu consommateurs d’eau. L’agroécologie est enfin connue pour ses capacités de résilience, face aux plantes productives mais fragiles préconisées par les Bayer-Monsanto, pendant les années de sécheresse par exemple. …/…
Un nouvel aspect de la crise (terme usité mais totalement inexact puisque par définition une crise est passagère et ne dure pas des décennies), sur le terrain de la souveraineté juridique cette fois-ci : les États-Unis menacent de sanctions les juges de la Cour pénale internationale.
“Sur cette Terre, nous ne reconnaissons aucune autorité supérieure à la constitution américaine.”
https://intellivoire.net/les-etats-unis-menacent-de-sanctions-les-juges-la-cour-penale-internationale/