Les prévisions de croissance en zone euro sont revues à la baisse. Faute en est, dans le désordre, à la hausse du pétrole, aux tensions commerciales mondiales montantes, ou à l’insuffisance des réformes structurelles… Quoi qu’il en soit, cela ne fait pas du tout l’affaire des gouvernements qui tentent à la fois de respecter leurs promesses électorales et les contraintes budgétaires européennes.
Les gouvernements espagnol et italien ont engagé un numéro d’équilibriste qui ne va pas pouvoir durer éternellement. La Banque d’Italie prévoit une croissance du PIB plus faible que prévue, rejoignant les prévisions de la Commission. Comment, dans ces conditions, le gouvernement italien va-t-il pouvoir financer ses mesures phares de taxation unique des revenus et de revenu de citoyenneté ? Le ministre de l’économie et des finances, Giovanni Tria, affirmait jusqu’ici son intention de réduire l’endettement du pays, mais il a refusé cette semaine d’obéir à une injonction de Bruxelles de réduire son déficit structurel. « La baisse de la dette n’est pas en discussion, mais nous en discuterons des délais », a précisé le ministre qui veut pouvoir financer la relance via la baisse des impôts et l’investissement public, ainsi que favoriser l’insertion sociale. Pour commencer, la majorité parlementaire souhaite un report d’un an de l’objectif d’équilibre budgétaire, en 2021 au lieu de 2020.
À Madrid, Pedro Sánchez procède avec une même circonspection. Ayant repris à son compte le budget 2018 de Mariano Rajoy, afin de le faire facilement adopter en dépit de sa situation de minoritaire aux Cortes, il prévoit d’indexer les retraites sur l’inflation et de baisser les impôts des plus modestes en dépit de promesses faites à Bruxelles de réduction du déficit. Les dépenses augmenteront de 3% et le gouvernement entend les financer pour l’essentiel par la croissance, à condition qu’elle se maintienne au niveau espéré de 2,7% en 2018.
Mais le gouvernement socialiste révise les prévisions de réduction du déficit public, qui ne devrait atteindre que 2,7% en 2018 et 1,8% en 2019. La dette espagnole atteignait fin décembre 98,3% du PIB, à 1.144 milliards d’euros, contre moins de 37% en 2007. À ce rythme-là, l’Espagne n’est pas prête de rentrer dans les clous, pas plus que l’Italie, deux pays où par ailleurs les taux de chômage restent très élevés.
Quand la politique budgétaire européenne ne précipite pas les pays qui sont forcés de l’appliquer dans une crise économique et sociale aiguë dont la Grèce a été un modèle involontaire – et un repoussoir exemplaire – le meilleur qui peut en être attendu serait la poursuite d’une crise chronique et d’une instabilité politique prononcée. Mais la situation italienne est en soi un défi à toute stabilisation possible, car on ne voit pas ce que les autorités de Bruxelles pourraient offrir à la Ligue et au Mouvement des 5 étoiles afin qu’ils se renient. La création d’une monnaie parallèle est la seule voie semblant possible, mais elle demande un peu de temps pour s’y préparer.
Patience, chaque crise suit la précédente et ne lui ressemble pas ! Une phase d’observation n’est pas exclue dans l’immédiat.
« Bruxelles » a déjà offert à la ligue et à M5S quelque chose : la porte fermée aux migrants .
Ça devrait leur suffire pour faire oublier aux italiens les autres promesses de campagne …
> La dette espagnole atteignait fin décembre 98,3% du PIB, à 1.144 milliards d’euros, contre moins de 37% en 2007
Ce qui est aussi intéressant, c’est de voir le déséquilibre budgétaire absolu et pas par rapport au PIB. De mémoire, en France la loi de Finances valide que les dépenses sont financées à 75 % par les recettes et que les 25% restants sont financés par de la nouvelle dette, qui vient s’ajouter. Ensuite, les variations du PIB font parler les journalistes mais pour moi, l’information essentielle est le déséquilibre du budget, dans l’absolu.
Ce n’est pas demain la veille d’un parcours vertueux …
Et ce serait quoi le parcours vertueux ?
Hello ! Y a quelqu’un ?
Doit être devant la télé .
Ça sous-entend qu’il y aurait des ‘parcours vicieux’ ? 🙂
Pas forcément , mais parmi les « parcours « possibles pour réduire la dette , il y en a certains plus injustes que d’autres .
Et « l’économie de la dette » est finalement une aubaine pour certains, non !?
J’ai toujours entendu qu’il ‘fallait réduire la dette ou le déficit ou…’, mais pourquoi et dans quelles conditions…?
C’est bien la question indirecte que je posais .
Pas d’écho .
Il y a apparemment sujets et vieillards plus passionnants .
Celui de nos comptines enfantines peut-être ?
Mes enfants – poil aux dents
respectez – poil au nez
la vieillesse – poil aux fesses
et la vertu – poil au cul !
Ah, j’allais oublier: na !
@Roberto :
Et bien , il y a a donc des choses que vous comprenez .
Si vous trouvez un bon lien pour répondre à la question de François Corre , on excusera le copyright .
Effectivement, puisque vous excusez par avance le copyright, je comprends que je suis plutôt d’accord avec les conclusions de CloClo vous concernant.
Sans copyright:
https://www.alternatives-economiques.fr//faut-toujours-chercher-a-reduire-deficit-budgetaire/00084716?utm_source=emailing&utm_medium=email&utm_campaign=NL_Quotidienne%2F31052018
F.L. : … » La création d’une monnaie parallèle est la seule voie semblant possible, mais elle demande un peu de temps pour s’y préparer « …
J’ai eu la curiosité de regarder une version « Wiki » (rédacteurs visiblement « quasi-TINA ») :https://www.wikiberal.org/wiki/Monnaie_fiscale . On lit :
» La monnaie fiscale (fiscal money) est une variété de monnaie scripturale émise par l’État indépendamment de la monnaie légale.
La monnaie fiscale est un mécanisme que proposent certains étatistes pour « résoudre » le problème de la dette publique : l’État règle ses dépenses non pas en empruntant à cette fin sur les marchés ou en augmentant les impôts, mais en donnant à ses créanciers une simple reconnaissance de dette sous la forme d’une remise d’impôt. Cette nouvelle monnaie n’a pas cours légal mais reste négociable, transférable à des tiers et échangeable sur le marché.
On obtient ainsi un système de paiement parallèle court-circuitant le système bancaire classique et reposant uniquement sur les « comptes fiscaux » des entités économiques. Un tel système avait été prévu (secrètement) comme « plan B » [VAROUFAKIS] en Grèce en 2015. Le but est pour l’État de s’affranchir d’un système monétaire ressenti comme trop contraignant, tel que celui de la zone euro.
Il s’agit en réalité d’une escroquerie inflationniste qui permet à l’État de dépenser sans limite — tout du moins jusqu’à ce que cette « monnaie » asymétrique perde toute valeur, car l’État est le seul acteur à pouvoir l’utiliser facilement, l’offre excédant largement la demande. C’est exactement comme si une grande enseigne commerciale décidait de régler les factures qu’elle a auprès de ses fournisseurs avec des bons d’achat utilisables dans ses magasins : aujourd’hui, une telle monnaie privée ne serait pas légale, tandis que la coercition étatique pourrait imposer une « monnaie fiscale » au seul bénéfice de l’État et au détriment de ses récipiendaires. Il est piquant de constater que les étatistes sont en général opposés au concept de monnaie privée circulant librement et régie par la loi de l’offre et de la demande, sauf quand le même concept est repris par l’État en étant détourné pour escroquer la population (à la différence de la monnaie privée, le créancier ne peut refuser d’être payé par l’État en monnaie fiscale).
Si ce procédé était mis en place un jour, on verrait le taux de change entre monnaie légale et monnaie fiscale (puisque celle-ci en principe reste échangeable sur le marché) varier toujours dans le même sens, celui d’une baisse continue de la monnaie fiscale, qui finirait par atteindre sa valeur réelle : zéro. En effet, la masse de monnaie fiscale dépassera toujours la masse d’impôts à payer (sinon la monnaie fiscale n’aurait pas de raison d’être), le surplus ne pouvant servir à ses détenteurs, in fine, qu’à payer des impôts futurs : cela revient donc à une sorte d’emprunt forcé, à taux zéro ou négatif, imposé à la population. La dette publique est ainsi diffusée non pas par l’intermédiaire des banques, mais par l’intermédiaire des créanciers de l’État. Le mécanisme est plus vicieux, puisque ces derniers sont transformés en émetteurs forcés de dette étatique. L’État réussit le tour de force de distribuer de l’illusion (illusion fiscale) en faisant croire à la société que cette illusion a une valeur monétaire « .
Pour entrer quand même dans « certains » détails concrets, une discussion contradictoire argumentée sur les avantages /inconvénients de toute monnaie parallèle (fiscale italienne en l’occurrence) peut être valablement suivie ici :
https://www.telos-eu.com/fr/italie-le-mauvais-diagnostic.html
https://www.telos-eu.com/fr/la-monnaie-fiscale-une-solution-a-la-crise-italien.html
https://www.telos-eu.com/fr/la-monnaie-fiscale-est-une-illusion-pas-une-soluti.html
Dur -dur de chez dur…!
Merci .
J’ai pas tout lu dans le détail , mais effectivement on peut penser que « ça va prendre un peu de temps » .
Pour ajouter un peu de lecture sur le sujet je propose;
http://www.lacrisedesannees2010.com/2018/07/l-italie-et-la-redecouverte-de-la-monnaie-comme-instrument-de-souverainete.html
Cet article est aussi pulié dans le dernier numéro de la revue Politique et Parlementaire