Ils auront fait tout ce qu’ils auront pu pour se soutenir l’un l’autre mais cela ne va pas loin. En huit pages, la « Déclaration de Meseberg » tente sans convaincre de donner de la substance à un accord entre Angela Merkel et Emmanuel Macron portant sur le renforcement de la zone euro, qui doit encore être adopté par les autres États membres.
La chancelière est certes revenue sur son opposition de principe à la création d’un budget de l’Eurozone destiné à renforcer la convergence entre ses membres, la mesure phare qui est sortie de la rencontre. Mais l’enthousiasme suscité par cette décision qualifiée d’historique doit être sérieusement tempéré au vu des montants mobilisés qui sont évoqués, qui sont fort éloignés des propositions d’Emmanuel Macron et qui font de ce reniement une décision très symbolique. Au bout du compte, l’Eurogroupe s’est vu confier la délicate mission de chiffrer le dispositif d’ici la fin de l’année.
La CSU a immédiatement demandé une réunion de la coalition pour discuter des conclusions de Meseberg, voulant ainsi marquer son opposition avec les concessions faites au président français. Un prêté pour un rendu, car celui-ci s’est avec la chancelière déclaré opposé à toute action unilatérale à propos des réfugiés, visant aussi bien Matteo Salvini en Italie que Horst Seehofer en Allemagne. Les deux dirigeants ont dit travailler à un accord entre plusieurs pays de l’espace Schengen visant à refouler tout demandeur d’asile vers l’État où il a été enregistré en premier.
Angela Merkel a obtenu 15 jours de délais de grâce de son propre ministre de l’Intérieur, dans l’espoir de pouvoir présenter au sommet une avancée faisant reculer ses menaces de fermeture de la frontière aux réfugiés. Donald Tusk, le président de l’Union, a bien un plan qu’il va présenter au sommet, mais il n’est pas pour tout de suite. Des « plate-formes de débarquement » devraient être créées en dehors des frontières de l’Union européenne pour les réfugiés secourus en mer, où le tri pourrait être effectué entre ceux qui satisferont au droit d’asile nouvelle norme et ceux que l’on s’obstine à qualifier de « migrants économiques » pour ne pas prendre en considération leur situation désespérée.
Donald Tusk se prévaut du soutien du HCR et de l’Organisation internationale des migrants (OIM) à son plan, et l’on évoque déjà la Libye, la Tunisie et l’Albanie comme pouvant accueillir ces « plateformes ». Mais il a le grand défaut de ne pas être en phase avec l’impatience de Matteo Salvini qui fait campagne en Italie et dont le parti dépasse désormais le Mouvement des 5 étoiles dans les sondages.
Que peut négocier Angela Merkel en Grèce et en Italie pour qu’ils rendent leurs frontières étanches ? D’attendre, moyennant compensation à déterminer, que le plan de Donald Tusk soit adopté et que les plateformes soient opérationnelles dans les pays qui accepteront de les accueillir ? De telles négociations seront bien plus difficiles à mener avec les Italiens qu’elles ne l’ont été avec les Turcs. Matteo Salvini, devenu l’homme fort à Rome a tout intérêt à maintenir la pression, et il en a les moyens. Après l’interdiction des ports italiens aux navires des ONG, il peut cesser d’enregistrer les réfugiés, bloquant la règle de base de la réglementation de Dublin dont il ne veut plus. Ce qui entrainera la fermeture des frontières allemandes et exacerbera la crise politique qui n’attend que cela.
Bien placé pour le mesurer, le ministre des Finances français Bruno Le Maire a lancé hier un cri d’alerte devant « le processus de décomposition » de l’Union européenne. Le commissaire Pierre Moscovici a évoqué de son côté « un risque existentiel ». Ce sont eux qui le disent dorénavant.
« Un risque existentiel » ; comment dire….certains devraient revenir sur terre, ou acheter un produit qui débouche les oreilles. Bon, c’est vrai, ce n’est en partie pas de leurs fautes, qu’en ont est entre soi, on finit par avoir un jugement quelque peu déformé……ou à retardement.
» doit être sérieusement tempéré au vu des montants mobilisés qui sont évoqués… »
Si ce ‘budget Eurozone’ est adopté, on peut supposer que son montant augmentera progressivement, à mesure que « l’Histoire leur tordra le bras » !?
C’est comme les mesures (en réalité des mesurettes) prises par les gouvernements pour lutter contre le réchauffement du climat: si on est optimiste on les voit comme un début qui aboutira plus tard à des mesures efficaces. On peut aussi les voire comme étant destinées à montrer qu’on a fait ce qu’on pouvait et que ça n’a pas changé grand chose…
Ça me fait penser aux piécettes qu’on donnait aux pauvres qui tendaient la main à la sortie de la messe (sans savoir si c’était à des gens réellement pauvres qu’on les donnait et sans savoir si dans ce cas ça les aidait vraiment…)