Le président Sergio Mattarella est de la revue, et le chaos politique italien est complet. Les marchés l’avaient devancé et ne l’ont depuis pas pardonné. Les autorités européennes sont dans l’expectative italienne.
Étant vite parvenu à la conclusion qu’il ne parviendrait pas à formuler un « gouvernement technique » destiné à être de la plus courte durée possible, le Premier ministre Carlo Cottarelli a rendu son tablier. Et cela part dans tous les sens. Matteo Salvini, qui se voit pousser des ailes, envisage d’élargir si nécessaire avec un petit parti d’extrême-droite l’accord de gouvernement. C’est à son tour de jouer avec le feu. Luigi di Maio évoque de proposer un autre ministre des finances tout en gardant à un autre poste Paolo Savona et s’est rendu discrètement au siège de la présidence.
Ignazio Visco, le gouverneur de la Banque d’Italie, a tenté de calmer le jeu mais y est modérément parvenu, l’affolement ayant déjà porté ses fruits la veille.
Le commissaire européen au Budget, l’Allemand Günther Oettinger, avait été trop loin hier : « Je suis inquiet et je m’attends à ce que dans les semaines à venir, les développements pour l’économie de l’Italie pourraient être si drastiques que cela pourrait être un signal possible aux électeurs de ne pas choisir des populistes de gauche et de droite », a-t-il déclaré mardi, préconisant une stratégie de la peur dans un entretien à la radio publique Deutsche Welle. Il prédisait tout haut ce que chacun pensait tout bas, mais qu’il ne faut pas dire, les esprits encore partagés entre le déni et l’espoir d’une solution malgré tout.
Le Parti démocrate est en faveur d’un référendum sur l’euro, d’autant que de nouvelles élections renforceront les mouvements antisystèmes. Seul moyen d’ajouter le chaos au chaos. Le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel expliquant au Parlement européen : « si de nouvelles élections sont organisées, ce sera un vote sur le modèle du Brexit ». Bien que Laura Agea, la cheffe de file du M5S au Parlement européen a quant à elle cherché à calmer les inquiétudes.
Trois experts du Bruegel Institute y considèrent que « si une crise devait survenir, elle serait horrible, car aucun des instruments de stabilisation de la zone euro ne pourrait être déployé pour sauver l’Italie ». « L’ampleur de l’augmentation du déficit qu’impliquent les mesures combinées (du programme de gouvernement) violera probablement l’ensemble des règles budgétaires de l’UE et des règles budgétaires nationales et mettra la dette sur une trajectoire insoutenable », annoncent-ils.
La question est à quelques centaines de milliards d’euros et à son éclatement : les Italiens vont-ils bénéficier de la souplesse que les Grecs n’ont pas obtenu. Honnêtement, rien ne permet de le prédire… Moody’s place la note des banques italiennes sous surveillance négative, ce n’est pas bon signe. Cela va-t-il susciter une réaction, les banques allemandes et surtout françaises seront-elles fortement atteintes comme le prévoit la Banque des règlements internationaux ?
Oui, la question est à 685 milliard d’euros (dette détenue hors d’Italie) + les autres….panique à bord, et il est bien précisé dans les consignes qu’en cas de feu, ne pas crier au feu…mais que font les pompiers… euh, je veux dire le FMI, la Troïka, etc…va falloir vite trouver un nouvel intermédiaire pour remplacer monsieur Cottarelli, et si possible qu’il ne soit pas cardiaque….
Voilà ce qu’il advient quand un vieux Matelas de l’ombre prend trop la lumière en voulant se montrer plus jupitérien qu’un jeune de chez La Banque.
Les ressorts de l’histoire sont impénétrables et ses rebondissements tout féliniens.
Mais ici, en prime, le rêve européen tombe du lit.