L’arrivée au pouvoir en Italie de la coalition formée par le Mouvement des 5 étoiles et la Ligue va entrainer l’Union européenne, qui décidément accumule les épreuves, dans une seconde phase de sa crise de longue durée. Il n’est certes pas question pour les dirigeants des deux formations de rééditer l’épisode de la victoire de Syriza et de ce qui s’en suivi, mais leur attitude ne revient-elle pas à reculer pour mieux sauter ?
Luigi Di Maio et Matteo Salvini ont séparément effectué un même virage tactique pour se retrouver ensemble, car c’est leur intérêt partagé, se gardant bien d’aller toutes affaires cessantes à la bataille avec Bruxelles qui ne va pas non plus en chercher l’occasion. Une fois installés au pouvoir, les deux dirigeants peuvent jouer sur le calendrier d’application du programme de mesures sur lesquelles ils se sont entendus dans les grandes lignes afin de ne pas crever dans l’immédiat les plafonds budgétaires. Mais comment l’éviter lors de la préparation du budget 2019, année des élections européennes ?
Ils laissent dans l’immédiat tout loisir au président de la République Sergio Mattarella d’expliquer qu’il dispose des moyens d’éviter un dérapage budgétaire, car cela leur convient, mais par la suite ? On voit mal comment chacun pourra renoncer à son bébé – l’impôt à taux unique pour la Ligue, le revenu universel pour le Mouvement des 5 étoiles – dans le cadre de leur compétition, en raison de leurs promesses électorales ainsi que des espoirs qu’ils ont suscité. Témoigne de ces derniers la solide majorité parlementaire dont ils vont disposer.
Chose qui ne trompe pas, ni la Bourse ni le marché obligataire ne connait de soubresauts, comme si les marchés étaient rassurés par un moindre mal après avoir craint un vide gouvernemental. Il faut dire que la persévérance avec laquelle la BCE soutient le système bancaire italien et pèse sur le cours des titres obligataires italiens par ses achats contribue à stabiliser la situation.
Le programme de gouvernement qui a été présenté au Président Sergio Mattarella ne s’étend pas sur la politique européenne, et pour cause. Mais il comprend un message implicite aux autorités européennes : « retenez-moi où je fais un malheur ! ». À elles de trouver de nouvelles échappatoires aux règles budgétaires, Matteo Renzi en ayant précédemment largement abusé. Mais la Commission ayant épuisé ses marges de manœuvre, il va être très délicat de ne pas heurter frontalement les intransigeants défenseurs des traités.
Et il ne faut pas compter sur un miracle économique italien pour dégager des marges de manœuvre budgétaires. La faible croissance européenne ne s’y prête pas, pas plus qu’une faible productivité datant d’avant la crise de 2007. Afin de ne pas entrer dans une confrontation directe précipitant une sortie de l’euro, il restera certes au nouveau gouvernement la possibilité de lancer une monnaie parallèle afin de contourner les règles européennes et de financer partie de ses dépenses par des reçus fiscaux, des à-valoir sur ses futures recettes budgétaires. Le terrain sera très scabreux.
Le nouveau gouvernement italien va-t-il être un allié pour tous ceux qui souhaitent – sans nécessairement le dire à voix haute – un assouplissement de la politique européenne ? La naissance d’un pôle qui en serait porteur n’est pas pour demain. Il en résulte qu’une sorte de statu quo va se poursuivre, en attendant que l’Italie finisse par sortir des clous, ce qui constituera alors un défi d’une toute autre nature que celui que la Grèce a représenté.
F.L. : « …Afin de ne pas entrer dans une confrontation directe précipitant une sortie de l’euro, il restera certes au nouveau gouvernement la possibilité de lancer une monnaie parallèle afin de contourner les règles européennes et de financer partie de ses dépenses par des reçus fiscaux, des à-valoir sur ses futures recettes budgétaires. Le terrain sera très scabreux… »
Si l’on désire « voir et comprendre » concrètement cette manière détournée de « quasi-sortir du cadre sans vraiment en sortir » tout en gagnant un temps précieux qui peut à la longue mettre l’adversaire(= TOUS les autres pays de la zone-€uro ) en difficultés face aux conséquences diversement dommageables de l’incertitude induite chez LÉMARCHÉS (déjà tracassés par les initiatives du Donald) , il s’agira de s’organiser (en sources d’infos) pour suivre et décoder les offensives inévitables des leaders européens de l’orthodoxie , histoire d’avoir d’autres sources compréhensibles que le C.A.D.T.M.
Rappelons que « mon » VAROUFAKIS proposait aussi de créer un poste « recettes vrai cash immédiat » en offrant une ristourne appréciable pour tout versement anticipatif d’un exercice d’impôts prévisibles.
Le ci-devant blog va sans doute avoir l’occasion de démontrer son incontestable utilité…
Depuis longtemps sont évoqués les chaines et les cadenas qui entravent et brident la vie des citoyens européens. Depuis longtemps aussi sont critiqués les devises et les principes qui régissent la marche de l’Europe et qui s’imposent comme lois divines, mais je ne suis pas sûr que ce soit ces vérités qui se figent ou s’effondrent mais plus surement les sociétés européennes elles-mêmes qui se délitent et s’affaissent sous ces pressions contradictoires annonçant un vaste fracas tellurique.
Qu’entendez vous par « sociétés européennes » ?
Les populations des différents Etats avec leurs langues, leurs coutumes, religions, histoires…
Elles ont tout ça et elles s’effondrent ?
Trop lourd à porter ?
Ça n’est jamais un squelette qui est lourd à porter .
Le cancer est ailleurs , et pas réservé aux « sociétés européennes « .
Elles ont tout ça et elles s’effondrent car dans le nouveau monde qui se profile, les fondements anciens n’ont plus cours, temporairement plus cours en tout cas (ça se remarque) et vous n’avez pas tort de souligner que ce n’est pas spécifique aux sociétés occidentales. Nous vivons une époque de grand basculement comme il en vient tous les cinq ou six cent ans, ce qui peut se dire, se comprendre, s’observer de différentes façons, dans différents domaines. Il faut saisir par la pensée, prendre conscience de cette nouvelle condition humaine et de tous ses nouveaux entrants qui vont bon an mal an nous façonner, nous formater…
J’espère qu’on est au courant , à Rome .
Mais c’est sous notre nez que l’on soit de Rome, de Londres, Paris ou Berlin. C’est l’ajustement qu’il faut trouver.
Je ne faisais que reprendre le fil de ce billet italo-romain , en imaginant que nos amis transalpins seraient peut être tentés d’apporter leur « grain de sel » à votre fresque !
A l’instant , « grain de sel » il semble y avoir , mais sans doute pas dans la soupe qui vous intéresse .