À peine avait-il terminé lundi dernier ses consultations infructueuses avec les dirigeants de la Ligue et du M5S en vue de la formation d’un gouvernement, que le président italien Sergio Mattarella était contredit par ceux-ci. Opposés à son projet de nomination d’un Premier ministre « neutre » chargé de faire adopter le budget 2019 et de modifier la loi électorale d’ici à la fin décembre, leurs deux dirigeants ont séparément répliqué en exigeant des élections le 22 juillet, ou au plus tard en octobre prochain. Et le Président n’a pas le dernier mot devant un Parlement, où il n’a pas la majorité, car ils en disposent très largement à eux deux !
Les deux premiers partis politiques n’acceptent pas de former un gouvernement ensemble. Mais ils bloquent la situation, aucun ne pouvant y prétendre seul. Qu’espèrent-ils de nouvelles élections rapprochées ? La Ligue veut croire à une nouvelle progression de sa part et le M5S à un nouveau recul du Parti démocrate. Et que peut faire le président de la République ? Il peut maintenir l’actuel président du Conseil Paolo Gentiloni. Mais comment ce dernier va-t-il faire pour obtenir l’adoption du budget 2019 par le Parlement ?
Pour sortir de l’impasse, il faudrait qu’à l’occasion d’élections rapidement tenues la Ligue progresse suffisamment pour que sa coalition avec Forza Italia dispose d’une majorité, ce qui suppose qu’elle grignote significativement sur le M5S, ou qu’une aile du Parti démocrate accepte de former un gouvernement avec ce dernier après avoir essuyé une nouvelle défaite électorale. À ce stade, ce ne sont que des hypothèses.
Dans le contexte économique européen actuel qui se détériore, des tensions commerciales mondiales qui s’accentuent, et du possible rétablissement des sanctions américaines qui avaient été levées lors de la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran, il ne faudrait pas que l’Italie entre en plus dans une nouvelle récession, sa crise politique se poursuivant.