À l’issue de deux jours de pourparlers sino-américains au plus haut niveau à Pékin, « les deux parties ont reconnu qu’il subsistait d’assez importants différents sur certains problèmes et qu’il fallait continuer à intensifier le travail ». C’est maigre comme résultat !
Selon l’agence Chine nouvelle, les discussions ont été « franches, efficaces et constructives », ce qui sous-entend d’importants désaccords en langage codée. Les deux pays « sont convenus de rester en étroite communication » via « un mécanisme de travail », mais il n’est pas donné de précisions.
Sur le large éventail des questions en discussion, il aurait été procédé pour la partie chinoise à « un échange de vues parvenant à quelques consensus sur certains sujets ». Plus lapidaire mais tout aussi vague, le chef de la délégation américaine Steven Mnuchin s’en est tenu à déclarer « nous avons de très bonnes discussions ! ». Il fallait justifier le voyage de son importante délégation.
Selon le Financial Times, les Américains auraient demandé la réduction de 200 milliards de dollars du déficit commercial annuel entre les deux pays, doublant la demande initiale, et exigé l’alignement des taxes douanières entre les deux pays. Dans le document présenté aux autorités chinoises, il n’aurait pas été seulement demandé la suppression des restrictions auxquelles sont soumises les compagnies américaines investissant en Chine, mais aussi de toutes les subventions publiques dans le cadre du plan « Made in China 2025 » de création d’une industrie high tech de production de robots, de véhicules électriques et d’engins spatiaux. Rien de moins, afin d’assurer la prééminence américaine dans l’avenir.
Adoptant un point de vue opposé, les officiels chinois auraient fait valoir qu’un rééquilibrage significatif des relations commerciales impliquerait l’assouplissement des restrictions aux exportations des États-Unis des nouvelles technologies, ainsi que la construction d’infrastructures destinées à l’exportation du charbon et du gaz naturel. Autant dire que les points de vue échangés ne se superposent pas et qu’un accord n’est pas pour tout de suite.
Si le président américain a voulu forcer la décision, il en est pour ses frais. En attendant un rebondissement, que va-t-il se passer le 22 mai prochain, à l’échéance qu’il a lui-même fixé de la mise en application d’un premier train de sanctions douanières ? Les dirigeants chinois se prêtent à la discussion, mais veulent ouvrir leur marché à leur rythme, et certainement pas en se faisant dicter leur politique économique par Donald Trump. Mais comment vont-ils faire pour trouver un compromis avec un tel personnage ?
Et, pour entrer dans les détails, comment défaire ce qui a été réalisé en matière de joint-ventures, les constructeurs automobiles américains eux-mêmes se révélant pas du tout enchantés à l’idée d’en sortir ? Les économies américaines et chinoises sont trop imbriquées pour agir aussi brutalement.
D’une manière générale, la démondialisation représente l’un de ces nouveaux territoires inconnus dans lesquels il faut pénétrer avec prudence et circonspection. Cela a été hier le cas avec les taux négatifs adoptés par les banques centrales, cela le sera demain quand la question de la dette ne pourra plus être ignorée, ou bien traitée en Europe selon des dogmes arrangeant pour les ultra-libéraux.
Afin de s’adapter à la nouvelle donne, le temps est venu pour le système capitaliste de mobiliser ses talents pour justifier leur rémunération, mais en sont-ils capables, baignant dans le conformisme et bénéficiant d’un système qui leur est encore si profitable ?
La Chine vient de déployer des misssiles sol-mer et sol-air sur les iles-ilots-récifs Spratleys tandis que la marine états-unienne, elle, a déserté le Pacifique.
Quelque chose se déroule parallélement aux négociations commerciales qui n’est pas pour faciliter leur heureuse conclusion.
La première grosse faute de Trump a été de bousiller l’accord Asie-Pacifique qui était une des principales réussites de Obama .
Le TPP était peut-être une bonne idée géopolitique mais aussi une catastrophe économique. Il allait accroître par une baisse des taxes douanière, le déficit commercial déjà gigantesque des EU.
C’est parce que Clinton n’a pas voulu le condamner qu’elle a perdu la confiance d’une partie de la classe moyenne (qui craignait pour ses emplois) et, dans la foulée, la présidentielle.
C’est le gros problème des EU qui n’ont plus les moyens économiques de la politique qu’ils devraient mener ; ou, en tous cas, n’ont plus les moyens de persuader leur population que cette politique est dans son intérêt et pas dans celui des 1% qui détiennent 68% des richesses du pays.
Au moins Obama avait il compris qu’il valait mieux un accord dans la compétition et un « moindre gain pour les US » , que tout perdre en précipitant tout ce beau monde dans les bras plus ou moins amicaux de Pékin .
Ce qui est en train de se passer , et Tokyo ne s’en réjouit pas trop .
Et ça tonne à Washington…