Donald Trump a l’œil rivé sur la balance commerciale et ne se soucie pas de la progression de la dette américaine. Selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), le déficit budgétaire va déraper sévèrement, dépassant les 800 milliards de dollars cette année, puis les 1.000 milliards en 2020. Le président américain incrimine le déficit commercial, dont ce serait la conséquence, mais pour le CBO la réforme fiscale de la fin de l’année dernière, qui va diminuer les recettes budgétaires, et la relance des dépenses publiques en sont les responsables.
La fuite en avant se poursuit aveuglément, et pas seulement aux États-Unis. L’endettement mondial continue irrésistiblement de progresser. Et, faute d’en chercher la cause et de savoir comment y remédier, il est préféré ignorer le sujet.
C’est par la dette que le capitalisme financier périra, s’il n’est pas auparavant atteint par ses propres turpitudes, car il est son meilleur ennemi. Qui, aujourd’hui, après une décennie de régulation dont toutes les mesures ne sont pas encore appliquées et une dérégulation qui s’amorce, peut garantir la stabilité d’un système financier opaque ? L’endettement, qui pourtant n’a rien de mystérieux, est considéré comme une fatalité et génère un sentiment d’impuissance en raison des mises en cause que sa maîtrise impliquerait. Ne serait-il pas déjà trop tard pour stopper cette progression, procéder à la réduction de la dette déstabilisant l’échafaudage de la finance ? Par défaut, la fuite en avant s’impose.
La croissance de la dette est supérieure à celle de l’économie, c’est à dire de la richesse future qui en est l’ultime garantie. Elle représente aujourd’hui 317,8 % du PIB mondial. Selon l’Institute of International Finance (IIF), le lobby des grandes banques internationales, la dette a atteint le montant de 237 mille milliards de dollars fin 2017, soit 192 mille milliards d’euros. En un an, elle a crû de 11.000 milliards, c’est-à-dire l’équivalent du PIB annuel de la Chine, la deuxième économie de la planète. Si le FMI fait état d’un moindre montant, 164 milliards de dollars, une différence de cette ampleur souligne les difficultés à mesurer une donnée aussi élémentaire.
Quoi qu’il en soit, Christine Lagarde avance que l’endettement a augmenté de 40% depuis le démarrage de la crise financière de 2007. Mais, une fois ce constat opéré et l’alarme lancée, le FMI reste l’arme au pied. Quel est le moteur de cet endettement et comment l’enrayer ? Que faire du stock existant de la dette, dont le roulement va peser sur les budgets lorsque les taux vont remonter ? Le silence est assourdissant ! En désespoir de cause, certains voient dans les banques centrales des sauveurs, faisant disparaitre la dette par un tour de passe-passe…
Certains incriminent la dérégulation du système monétaire international et appellent à un nouveau Bretton-Woods, d’autres déplorent la baisse des taux suscitée par les banques centrales, considérée comme un véritable pousse au crime. Peu mettent en cause la financiarisation poussée et ce qui l’accompagne : diminution des recettes fiscales des États, sous-capitalisation des entreprises et recours accru à l’endettement pour les particuliers.
L’allocation des ressources est en cause, l’efficience des marchés une mauvaise plaisanterie.
Je vous invite à consulter le tableau B-2. de l’ERP de février 2018 et vous pourrez vérifier que la balance commerciale des USA est en déficit cumulé de 10,3 trillions de $ sur 20 ans (la période 1998/2017).Même s’il n’y a pas de lien direct, vous avez là la moitié de la dette souveraine américaine qui vient de passer le cap des 20 trillions de $.
C’est la raison pour laquelle D. Trump veut supprimer le déséquilibre commercial qui pèse sur les comptes.
Revenu par habitant des États-Unis : 40 100 $
Déficit annuel par habitant des États-Unis : 2 400 $
Il semble que si au lieu de diminuer les recettes budgétaires l’augmentation nécessaire pour supprimer le déficit était répartie en fonction des revenus de chacun elle serait tout à fait supportable…
Merci a François Leclerc pour se lancer dans cet exercice périlleux qui est la manipulation de ces milliards de dollars (trillions et autres unités de mesure qui dépassent largement l’entendement du commun des mortels…). C’est d’ailleurs probablement une des raisons qui la rend possible, car hors de portée de la compréhension du quidam que nous sommes la plupart. A quand le décrochage ? Car, mon peu de culture économique me dit qu’à l’instant où la notion de dette devient un tel point aussi abstraite, c’est la notion de monnaie dans son ensemble qui risque de le devenir…. et alors là, patatras…. Alors, collapse.