L’Espagne et le Brésil se partagent le triste privilège de voir des candidats susceptibles d’emporter des élections empêchés d’y participer par des décisions judiciaires très contestables.
Tout à sa croisade, Mariano Rajoy a obtenu des juges qu’ils embastillent les leaders indépendantistes et leur interdisent de se présenter à la présidence du Parlement Catalan, où ils seraient sinon élus. Mais les juges allemands, sur qui il était compté, n’ont pas extradé Carles Puigdemont, accusé de rébellion. On a appris que les services secrets espagnols avaient choisi l’Allemagne pour le faire arrêter, de préférence au Danemark ou à la Finlande, estimant que les chances d’extradition y étaient plus élevées. C’est raté, mais l’élection du président du Parlement est toujours en panne.
Au Brésil, le juge Sergio Moro a émis un mandat de dépôt et Lula a passé sa première nuit en prison. Toujours donné comme favori aux prochaines élections présidentielles, il pourrait être empêché de se présenter. Certes, il a prêté le flanc aux accusations de corruption avec le Parti des travailleurs, composant dès son accession à la présidence avec un monde politique rompu à toutes les pratiques de la corruption, dont l’appui d’une partie lui était indispensable faute de majorité au Congrès. Mais suite à Dilma Rousseff qui a été destituée en deux temps trois mouvements, il bénéficie également du traitement de faveur d’une procédure accéléré alors que tant d’enquêtes traînent en longueur, impliquant tant d’hommes politiques qui ne sont pas inquiétés.
Au Brésil et en Espagne, c’est l’heure de la revanche. Dans les deux cas, la justice est instrumentalisée et se révèle être une justice de classe.