Un accord franco-allemand devait être présenté au sommet européen du 22 mars prochain, mais il n’en est plus question. C’est pour l’instant reporté à la fin juin, à condition d’y parvenir d’ici là.
Angela Merkel va venir à Paris pour travailler à un compromis après l’échec de la réunion de l’Eurogroupe qui devait permettre d’y aboutir. Mais celle-ci a surtout permis de constater que les deux partenaires sont en désaccord sur tous les points dès qu’ils entrent dans les détails.
Que ce soit à propos de la finalisation de l’Union bancaire, de la reconfiguration du Mécanisme européen de stabilité (MES) ou de la création d’un budget d’investissement de la zone euro, les désaccords priment. Les autorités allemandes n’acceptent de couvrir des risques bancaires que ceux-ci préalablement supprimés. Les Français ne veulent pas que le MES puisse être l’instrument d’un nouvel épisode d’austérité au moment où la Grèce sort de son plan de sauvetage. Pour le budget, il s’annonce allant être réduit à la portion congrue. Quant à des règles d’imposition communes des entreprises, pour lesquelles des discussions ont été engagées il y a 7 ans, elles vont se poursuivre…
Les récents développements en Italie ont renforcé les craintes, côté Allemand, d’être entraîné dans une solidarité financière dont ils ne veulent à aucun prix, les autorités européennes étant incapables d’enrayer la dynamique qui s’y est enclenchée. Cela supposerait à la fois des assouplissements de la politique budgétaire et des mesures de partage du poids des réfugiés, afin que les institutions européennes jouent un autre rôle que celui de repoussoir. Et les supputations à propos du rôle positif que devait jouer le SPD au sein de la Grande coalition ne sont plus de mise. Il se confirme qu’il ne va pas rester grand-chose des intentions du président français. Le blocage est déjà effectif à propos d’une politique commune en faveur des réfugiés, aussi limitée soit-elle.
Autre élément possible de désunion, le front commun européen face à l’offensive de Donald Trump va-t-il tenir longtemps ? L’industrie automobile allemande est en première ligne et l’on note déjà que les intentions européennes ont évolué. Plus question de mesures de rétorsion, mais de négociation. Le message de Donald Trump a été entendu par la commissaire Cecilia Malmström et Angela Merkel. Le secrétaire d’État au commerce Wilbur Ross a été dépêché en Europe pour discuter de la baisse des taxes à l’importation sur les voitures américaines, en contrepartie de quoi celles affectant l’importation aux États-Unis des voitures européennes ne seraient pas augmentées. Mais une telle mesure dont bénéficierait un seul pays n’est pas compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les industriels européens de l’automobile vont-ils devoir accepter la détaxation des voitures japonaises et sud-coréennes pour aider leurs collègues et concurrents allemands ?