Les indépendantistes ont repris l’initiative en Catalogne. Après de longues tergiversations, Cartes Puigdemont a déclaré forfait en annonçant qu’il ne briguait plus la présidence de la Catalogne, depuis Bruxelles où il s’est installé. « De manière provisoire » a-t-il précisé, afin de ne pas perdre la face.
De longues discussions ont été nécessaires pour en arriver là et mettre au point une formule de remplacement, faute qu’il puisse venir prêter serment devant le Parlement sous peine d’être arrêté préalablement, poursuivi pour rébellion et sédition. Mariano Rajoy fermement décidé à tout faire pour empêcher ce qui aurait valeur de sacre en prorogeant autant que nécessaire la tutelle de Madrid sur la Catalogne.
Au sein même de son camp, les pressions étaient de plus en plus fortes, la formation d’un nouveau gouvernement étant considérée comme devant être prioritaire. L’accord s’est finalement fait sur une candidature de remplacement, celle de Jordi Sànchez, le président de la plus importante association indépendantiste catalane, l’ANC. Mais il est en prison à Madrid pour sédition, soumis à une hypothétique autorisation judiciaire pour en sortir et prêter serment. La candidature de remplacement de Jordi Turull, lui aussi emprisonné mais depuis relâché, serait dans ce cas prévue.
Mariano Rajoy peut se prévaloir d’avoir prévu ce cas de figure, qu’il a par avance qualifié de « grave erreur ». Mais, vu par les indépendantistes, il en est tout autrement. Ils ont déjà fait adopter hier jeudi une motion par le Parlement qui dénonce « la dérive autoritaire et anti-démocratique » de Madrid, accusé d’instrumentalisation de la justice. La position du premier ministre espagnol n’est pas si confortable, car il accréditerait par ses refus successifs d’accepter une présidence catalane indépendantiste leur discours, et le laisserait toujours dans l’incapacité de faire voter son budget au parlement espagnol, son partenaire basque lui faisant défaut dans cette circonstance.
Les indépendantistes catalans ne sont pas des adversaires faciles à manier, même si leur intransigeance et leur absence de préparation leur a joué des tours.
La Catalogne me pose problème.
(Et merci, cependant, de vos billets qui me tiennent au courant des développements d’une situation peu couverte dans les actualités.)
A priori, ils me sont sympathiques : souvenir de la guerre civile, petite région contre État, mépris profond pour l’actuel gouvernement espagnol,…
Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de me demander si, à l’heure où les multinationales tentent de se défaire de l’emprise des États (et de leurs impôts), le morcellement de ceux-ci ne déboucherait pas sur une pléiade de havres fiscaux vaguement associés dans des confédérations régionales anomiques et atones.
Bref, sur un remède pire que le mal.