Avant même qu’il n’entre en fonction, le président élu suscite de fortes interrogations. Non seulement parmi les démocrates de gauche qui l’on soutenu pour se débarrasser de Donald Trump, mais également par ceux qui espèrent une « relance atlantique » et devraient s’attendre à être désappointés.
Les dirigeants chinois et russes ne sont pas dans ce cas, dont les félicitations brillent par leur absence au prétexte de l’attente d’une annonce officielle. Mais dans les chancelleries occidentales l’espoir d’un renouveau des relations avec les États-Unis n’est pas dissimulé.
Biden a promis de réintégrer l’accord de Paris sur le climat dès janvier prochain. Par-delà le symbole, quelles mesures concrètes parviendra-t-il à prendre afin d’anticiper le changement climatique ? Peu probable qu’il obtienne l’appui du Congrès, à moins que les démocrates ne parviennent à arracher la majorité au Sénat. La vague bleue ne s’est pas concrétisée.
Même problème à propos de l’accord nucléaire iranien même si Joe Biden a promis un changement d’orientation avec le retour à la diplomatie. Les sanctions économiques américaines sont légalement en vigueur et ne seront pas faciles à dénouer, à moins d’une évolution des autorités iraniennes qui est pour le moment clairement rejetée, attendant de juger sur les actes les propos américains.
Les relations avec la Chine ne sont pas non plus appelées à évoluer dans les domaines commerciaux et technologiques. Les violations des droits humains deviendront au contraire un domaine supplémentaire de confrontation. C’est également le cas en ce qui concerne l’interventionnisme russe.
Angela Merkel a déclaré récemment que nous ne devrions pas laisser les violations des droits de l’homme entraver le commerce bilatéral, d’où sa position ambivalente sur les offres 5G de Huawei. Les choix de politique étrangère américaine vont diverger. Un accord commercial entre les autorités américaines et de l’Union européenne va continuer à rencontrer un important obstacle. Le Congrès américain continuera d’insister sur le fait que l’agriculture doit être incluse dans un accord, ce qui n’est pas acceptable pour les Européens, même si les britanniques décident de faire cavalier seul. Les 169 États membres de l’OMC ont récemment élu Ngozi Okonjo-Iweala, économiste nigériane et ancienne directrice de la Banque mondiale, pour devenir le prochain secrétaire général, mais l’administration Trump a opposé son veto à cette nomination. Auparavant, elle bloquait le comité d’appel de l’OMC en refusant de nommer des juges afin que le quorum ne soit pas atteint. C’est un domaine où l’administration Biden pourra faire des avancées.
En ce qui concerne la sécurité transatlantique, il est possible que Joe Biden annule la décision de Trump de déplacer des troupes à travers l’Europe. Mais ceci ne constitue pas une question stratégique de premier ordre dans les relations bilatérales. Car si le différend sur les dépenses de défense peut changer de ton, il ne changera pas de substance. La crise de l’OTAN va donc se poursuivre. D’autant que Recep Tayyip Erdoğan n’a pas fini de faire preuve d’intransigeance (et que Vitor Orbán en fait autant à propos de l’adoption du budget de la Commission et du plan de relance européen).