Trump et Poutine, un couple illégitime très uni

Donald Trump focalise toutes les attentions, car il en est attendu le pire s’il ne l’emportait pas. Et l’on commence à se dire que ce qu’il a réveillé et cristallisé autour de sa personne malfaisante ne disparaitra pas si Joe Biden parvient à l’emporter malgré tout. C’est l’occasion de se plonger dans le livre de Catherine Belton consacré aux « Gens de Poutine » (*), en raison notamment du copieux chapitre consacré à Donald Trump.

L’auteure ayant été correspondante à Moscou du Financial Times pendant 7 ans a effectué une formidable enquête qui met à nu le régime russe. Elle expose notamment le soutien financier russe dont Donald Trump a abondamment bénéficié dans le but de le corrompre et le compromettre, pour avoir barre sur lui. L’éclairage qu’elle donne est sans appel, car elle donne de nombreux détails sur cette entreprise permettant de dépasser le stade du simple soupçon.

Il serait dommage de s’en tenir à ce seul chapitre, car l’ouvrage expose comment Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir et sur quelles forces il s’est appuyé dès le début de sa carrière au sein du KGB à Dresde, qui était alors en Allemagne de l’Est (RDA). En substance, une aile du KGB qui anticipait la chute de l’URSS s’est compromise dans des alliances avec des groupes criminels russes qui ont prospéré sur la base du développement de l’économie informelle, seul secteur dynamique de l’économie soviétique.

L’explosion de la corruption sous Eltsine n’a pas seulement suscité l’apparition d’oligarques qui ont dû leur fortune au bradage de pans entiers de l’économie, elle a aussi été le terreau sur lequel les organisations criminelles ont prospéré. Avant que Vladimir Poutine mette les oligarques au pas en faisant quelques exemples pour les faire réfléchir.

Toute cette histoire est sous-tendue par le détournement par cette même aile du KGB des plantureux fonds secrets du PCUS  – qui ont été transférés discrètement à l’Ouest pour être mis à l’abri, avec la complicité de grandes banques comme la Deutsche Bank. Avec la contribution « volontaire » des oligarques, cela a permis de déployer une nouvelle stratégie d’affrontement avec l’Occident avec comme objectif d’accroitre les divisions en son sein afin de compenser la faiblesse de la puissance moyenne qu’est devenue la Russie. Le soutien à des organisations d’extrême-droite en fait partie. Tandis que Vladimir Poutine s’est appuyé dans le pays sur deux valeurs sures, le nationalisme grand-russe et l’église orthodoxe.

Ce voyage dans la Russie auquel nous sommes conviés est édifiant, il met au grand jour quelque chose de malfaisant qui n’est pas spécifique au pays. Poutine et Trump étaient faits pour s’entendre.

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(*) « Putin’s People » de Catherine Belton, chez Collins (en anglais).

Une réponse sur “Trump et Poutine, un couple illégitime très uni”

  1. « Et l’on commence à se dire que ce qu’il a réveillé et cristallisé autour de sa personne malfaisante ne disparaitra pas si Joe Biden parvient à l’emporter malgré tout. »

    Vivre avec une Amérique de «cinglés»

    Mediapart 13 octobre 2020 Par François Bonnet

    C’est l’un des adjectifs préférés de Trump, qu’il ne réserve pas qu’à Biden « Joe le cinglé ». Ce mot peut aussi résumer l’état d’une société américaine qui bascule dans un extrémisme enragé, au nom de Dieu et d’un messianisme blanc et dominateur. Vingt ans de guerres ininterrompues ont remodelé en profondeur l’Empire américain pour en faire un « État voyou ».

    • Qu’il soit réélu ou non le 3 novembre, Donald Trump a déjà remporté quelques grandes victoires. La principale ? À la différence de bien d’autres présidents, le bilan de son mandat à la Maison Blanche sera largement irréversible. Le souhait de nombreux alliés des États-Unis et électeurs de Joe Biden d’en finir une bonne fois avec Donald Trump, d’en effacer toute trace, est un vœu pieux.
    Ils aimeraient se rassurer, se dire qu’après ce pénible intermède de quatre ans, tout va reprendre as usual. Ils se trompent. Le retour au « monde d’avant » n’aura pas lieu.
    Car même battu, Trump aura fait surgir en pleine lumière et renforcé avec succès cette Amérique jusqu’alors reléguée derrière le décor. Les deux mandats courtois de Barack Obama – dont le bilan politique, bien mince, s’est lui révélé réversible – avaient endigué et même masqué les évolutions lourdes d’une société américaine où le pire est désormais la norme.

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