Vers une structure de cantonnement d’une partie de la dette publique

Avec toute l’assurance dont un ministre des Finances est capable, Bruno Le Maire claironne qu’il serait irresponsable de prétendre ne pas rembourser la dette souveraine, sans s’étendre sur la manière dont il prétend procéder, sauf en faisant référence à la croissance et aux inévitables réformes structurelles qu’il est toujours bon de convoquer. C’est un peu court !

Le gouvernement étudie cependant un plan qui consiste à traiter séparément la « dette covid-19 ». L’idée est d’isoler les dettes liées à la pandémie, telles que les dépenses budgétaires de santé, les aides d’urgence et les pertes de revenus liées à la crise, le tout en étalant son amortissement sur le très long terme. Un dispositif qui rappelle la création de la Caisse d’amortissement de la dette de la sécurité sociale (la Cades), dont l’existence a déjà été prorogée de 2024 à 2033. En vertu de ce traitement, une fois créé un fonds d’amortissement, il restera à définir le montant des dettes qui y seront affectées (quitte à charger la barque).

Des marges de manœuvre ayant assoupli la dureté initiale du Pacte de stabilité européen, cela permettra au gouvernement de brandir à nouveau le spectre de la dette afin de réactiver sa politique de rigueur. C’est aussi dans les limbes, mais chut !

Ce beau schéma laisse toutefois intact le déficit de la sécurité sociale, qui atteindra 145 milliards d’euros cette année et qu’il est prévu de ramener à 20 milliards en 2024. À vérifier. Mais la dette sera ainsi saucissonnée, une méthode utilisée quand on ne sait pas résoudre un problème insoluble. Sous les apparences du bon sens, cela éloignera l’adoption de mesures moins orthodoxes comme la création de dettes perpétuelles, tout en revenant quasiment au même. Les échéances décidées au départ pourront toujours être repoussées, l’exemple de la Cades est là pour le démontrer.

On en vient à se demander pourquoi un tel savoir-faire financier n’est pas mis à profit pour décongestionner le dossier des retraites afin d’absorber les effets du baby-boom ?

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